" Je désire, continua Murat, que, rentrant en France, vous ne soyez pas la victime de la furibonde ingratitude de Bonaparte : il a voulu me perdre ; il a pour confident un homme odieux et cruel, le général Davout. Je traitai fort mal ce misérable à Hambourg. Davout et Rovigo étaient les deux émules bien ardents en méchanceté ; pour la colorer, ils se disaient des séides : ils n’ont jamais été que des sicaires. Davout ambitionnait l’honneur de me faire porter la main au collet quand la fantaisie de me faire arrêter passa par la tête de Bonaparte : je fus assez heureux pour me sauver de leurs griffes et me rendre à Naples.(...) " (T.4, p.223)
" Cependant les maréchaux, les généraux, le conseil provisoire, les membres de la Chambre des Pairs et les législateurs étaient réunis au conseil de guerre formé par Davout. Ce général en chef était fort indécis sur le parti qu’il devait prendre. Il soumit au Conseil le vœu de l’armée de tomber sur les Prussiens, fort compromis par leur mouvement sur Meudon. " La victoire, s’écria le Conseil, est-elle sûre ? - Non fit Davout, mais elle est probable." Malgré ces données, la grande majorité de ces républicains parvenus aux premiers grades de l’armée, élevés aux premières dignités de l’Etat, recula devant l’idée de combattre ; malgré l’opposition vigoureuse d’une minorité de généraux, d’officiers d’état-major, il fut décidé de capituler, de livrer Paris aux généraux ennemis, d’empêcher tout armement de fédérés, qui, au nombre de trente mille hommes, demandaient à Masséna d’aller renforcer l’armée française. " (T.4, p.321)
" On a raconté que Davout, après avoir signé la proclamation qui renvoyait l’armée sur la Loire, s’en défendait en disant qu’il n’avait fait que signer malgré lui, parce que les membres du gouvernement provisoire et les maréchaux avaient déclaré qu’ils ne pouvaient défendre Paris. Cette déclaration, disait-il, ayant été faite en présence du commissaire du Roi, Vitrolles, l’avait engagé au delà de sa volonté, à quoi Vandamme, Freycinet et autres présents lui avaient répondu n’avoir eux-mêmes signé qu’à cause de lui. Les soldats n’avaient jamais été plus enthousiastes : ils étaient furieux d’aller sur la Loire. Davout dit : " Messieurs, il faut se soumettre. J’espère que vous servirez aussi fidèlement le roi Louis XVIII que vous avez servi Bonaparte ; si on m’avait chargé d’arrêter l’usurpateur, je l’aurais fait ". (T.4, p.324-325)