Un quiproquo avec la maréchale Oudinot

Dans ses " Récits de guerre et de foyer du maréchal Oudinot, duc de Reggio " ( Paris, Plon, Nourrit & Cie, 1894 ), la maréchale raconte une méprise de la maréchale Davout (p.149) :

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Le maréchal Oudinot

« Nous descendîmes dans un grand hôtel situé sur la place d’armes ; le maréchal Davout venait de la quitter pour se porter en avant avec son corps d’armée, et j’ai à vous conter là-dessus une singulière méprise de sa femme, à laquelle il avait mandé d’arriver pour le voir avant qu’il s’éloignât davantage. C’était sur les entrefaites qu’il avait reçu l’ordre de se porter en avant immédiatement. La princesse d’Eckmühl n’avait pas eu le temps d’apprendre ce changement ; elle arriva de Paris dans la nuit qui suivit notre installation à Magdebourg et obtint, en se nommant, qu’on lui ouvrit, à heure indue, les portes de la ville. Elle ordonna simplement à ses postillons de la conduire chez le maréchal, sans autre désignation. Ainsi arrivée chez nous, elle voulut naturellement se faire ouvrir. On lui résista ; elle fit appeler l’aide de camp de service qu’elle ne reconnut pas pour appartenir au maréchal Davout. Mais elle insistait toujours ; ce fut alors que M. Le Tellier lui dit que ce bruit pourrait éveiller "Mme la maréchale ..." A ces mots, la princesse d’Eckmühl, stupéfaite, demanda et obtint des explications qui lui éclaircirent tout bien vite. M. Le Tellier se mit à sa disposition naturellement pour lui chercher un abri durant le reste de cette nuit si orageuse pour elle. Elle déjeuna avec nous le lendemain et nous nous amusâmes ensemble de ce quiproquo. Elle était alors bien belle de visage, très princesse et très magnifique dans ses manières. Je n’ai eu qu’à me louer d’elle, mais, quoique nos maris se tutoyassent, nous ne fumes jamais dans l’intimité » (p. 149).