Philippe HIGONET naît le 5 mai 1782 à Saint-Geniez d?Olt. Son parrain est son frère aîné Joseph.
Il s?engage au 4ème régiment d?infanterie légère comme simple soldat le 20 avril 1804, est nommé caporal le 16 mai, sergent le 30 juin de la même année, puis sous lieutenant le 9 février 1805.
Le 24 mars 1805, il rejoint comme adjudant major le 108ème régiment d?infanterie en ligne, commandé par son frère Joseph. Ce régiment appartient à la division Friant du IIIème corps. Higonet entre ainsi dans le corps d?armée de Davout ; il va y rester 9 ans, jusqu?à Hambourg (1814) ! Le lieutenant Higonet se distingue au combat de Marienzell, le 8 novembre 1805, où il fait 200 prisonniers dont un colonel, un major et le prince Rospogliosi, puis à la bataille d?Austerlitz où il est blessé d?un coup de feu à la cuisse droite le 2 décembre 1805.
Sa conduite est récompensée par sa nomination au grade de capitaine au 108ème régiment. Il participe à la bataille d?Auerstaedt où à la tête de 400 hommes il entre en premier dans le village de Taugwitz défendu par 3 canons et 1 200 hommes qui furent tous tués ou prisonniers. La fierté qu?il tira de cet acte d?éclat fut ternie par la mort de son frère le même jour à quelques centaines de mètres de là. Ce fut très certainement un grand déchirement car un profond attachement mutuel les unissait.
Puis, c?est la campagne de la Grande Armée en Pologne en 1806 et 1807. Il reçoit un coup de feu à la jambe gauche et une forte contusion au bas ventre à la bataille d?Eylau le 8 février 1807, ainsi qu?un coup de feu à la cuisse gauche à la bataille d?Eckmühl le 22 avril 1809. Admis dans le corps des grenadiers à pieds de la Garde Impériale comme capitaine le 22 juin 1809, il prend part à la campagne de Russie, obtient le grade de major en second le 8 octobre 1812 et a un pied gelé au cours de la retraite.
Major au 108ème régiment d?infanterie de ligne le 13 mars 1813, il fait partie du 13ème corps de la Grande Armée du maréchal Davout et s?illustre au siège de Hambourg où il commande le port de l?Etoile le 23 novembre 1813. Nommé colonel à titre provisoire par le même maréchal le 1er mars 1814, il reçoit le commandement de tous les forts et avant-postes de la ligne d?Altona le 25 mars 1814. On a dit qu?une rivalité de nature " intime " aurait incité le maréchal à le désigner à ce poste, point de mire de l?ennemi. Allégation rendue peu crédible par l?attitude de Davout qui, dans une lettre du 16 févier 1814, rend hommage à celui qu?il appelle « l?un des plus brillants officiers de l?armée » puis le confirme, peu de temps après, dans le grade de colonel.
En France l?aigle a replié ses ailes une première fois, Hambourg ouvre ses portes aux forces coalisées sur ordre de Louis XVIII. Durant cette première Restauration, le colonel Higonet est nommé commandant provisoire de département de l?Aveyron le 12 mars 1815.
Durant les Cents jours, il reçoit le commandement du 10ème régiment d?infanterie de ligne (11 avril 1815), puis du 108ème régiment d?infanterie de ligne (2 mai 1815). Il fait campagne à l?armée du Nord en Belgique en recevant deux contusions à la bataille de Ligny le 16 juillet 1815, et deux coups de lance à celle de Waterloo le 18 juin 1815.
Il se rallie à Louis XVIII et, le 16 août 1815, est nommé Colonel de la légion départementale du Cantal. Dans son dossier militaire figure une curieuse lettre écrite à Aurillac et adressée au Duc de Feltre, alors Ministre de la Guerre, en date du 24 novembre dans laquelle Higonet affirme être royaliste mais qu?il avait obéit au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre durant les Cent Jours, et qu?il avait continué le combat à l?idée qu?on aurait pu le croire lâche ce qui le fit exposer sa vie aux plus grands périls pour une cause qu?il détestait et cite son frère mort à la bataille d?Iéna (Auerstaedt n?est déjà plus dans les mémoires).
Son mariage, le 8 juin 1816, avec Marie Françoise de Peyrac de Jugeols de Veillan, habitant en son château de Veyrac à Aurillac, vient opportunément accréditer son attachement au nouveau régime. D?ailleurs, Higonet ne manque pas de le souligner dans sa demande d?union au Ministère de la Guerre : « Sa famille est des plus considérées, la plus nombreuse et la plus royaliste du pays. Malgré les pertes énormes qu?elle a faites à la Révolution, Mademoiselle Veillan, la personne la plus accomplie de l?Auvergne, m?apporte une dot de 120 000 francs comptants et ses droits à la succession de Madame sa mère qui possède une fortune de 400 000 francs de biens fonds. Mon heureuse alliance avec cette noble famille que je dois en partie à ma conduite et à mon dévouement sans bornes pour le service du Roi devient la garantie la plus inviolable que je puisse donner à votre excellence de ma fidélité ».
Le 24 octobre 1820, par lettres patentes, il reçoit le titre de baron héréditaire.
En 1823, il prend part à l?expédition d?Espagne, au cours de laquelle il est promu maréchal de camp le 11 août 1823, et obtient la capitulation de Saint-Sébastien le 28 septembre 1823. Il sera décoré de l?ordre de Saint-Ferdinand d?Espagne. Il entre en France en mars 1825 pour y exercer les fonctions d?inspecteur général d?infanterie.
Il est choisi par le roi pour présider le collège du 1er arrondissement du Cantal réuni pour les élections ; il y sera élu le 17 novembre 1827 et réélu en 1830. En tant que député, il défend l?intérêt de l?agriculture de montagne, demande le dégrèvement de l?impôt sur le sel et vote le maintien de la demi solde.
Le 24 juillet 1828 le général Higonet est nommé commandant de la 2ème brigade de la division de l?expédition de Morée en Grèce. Il s?y distingue en établissant des cordons sanitaires afin d?éviter la propagation de la peste. Il sera décoré de l?ordre du Sauveur de Grèce.
En février 1829, lors de son retour en France, il est reçu en audience par le roi Charles X qui se fait raconter le récit de cet épisode grec. Le roi lui prend alors la main et lui dit « Général, je vous remercie, vous avez bien servi la France ». Le 22 février 1829 il reçoit la croix de commandeur de l?ordre de Saint Louis.
Après la révolution de 1830, il donne sa démission de député le 12 août 1830. Il se consacre alors au développement et à la modernisation de l?agriculture de son domaine et préside la société d?agriculture du Cantal. Cela sera 18 ans « d?exil politique souffert pour la monarchie »selon son biographe.
La Révolution de 1848 le sort de sa retraite. Il se représente aux élections en ces termes : « Chers concitoyens, vous allez nommer vos représentants à l?Assemblée Nationale. Dans ce moment solennel, j?ai pensé que mon expérience pouvait être utile, je m?offre à vos suffrages. Aucune âme française ne me demandera de renier mon passé. Je n?ai pas le culte du succès. J?ai toujours senti dans mon c?ur celui de la patrie, elle avant tout. La République est en ce moment la seule forme de gouvernement possible. Je la servirai avec franchise et loyauté. Mon frère aîné la défendit avec honneur et courage et, est mort glorieusement à la bataille d?Iéna (il est plus prestigieux d?être tombé à Iéna qu?à Auerstaedt). Avec l?empereur j?ai planté nos aigles sur les tours de Vienne, Berlin et Moscou. J?étais avec mon régiment sur son dernier champ de bataille, quoique blessé, je ne le quittais que dernier ". Il cite également sa campagne d?Espagne et de Grèce et son action lors de son précédent mandat et ajoute " Un nouveau gouvernement replia nos drapeaux, je ne lui prêtai point mon appui, je me retirais près de vous. Mes principes politiques sont droit national à l?intérieur, droit des nationalités au dehors » Le choix des urnes en décidera autrement, il sera battu.
S?adaptant toujours fort bien aux circonstances, il soutient l?élection du neveu de son ancien empereur, lors du coup d?Etat de Napoléon III du 2 décembre 1851, mais refuse de prêter serment, et se désiste de tout projet de candidature.
Le général Higonet décède le 12 février 1859 dans son château de Veyrac.
Pour en savoir plus :
« Le général baron Hugonet » d?Henry de Lalaubie, Rodez, impr. Carrère., 1862
La biographie de Philippe Higonet par Laurent Clavel