Fils d’un commis à la direction des fermes générales, Étienne Heudelet de Bierre est né à Dijon le 12 novembre 1770.
Lieutenant au 3e bataillon des volontaires de la Côte-d’Or en 1792, Heudelet intègre l’Armée du Rhin et devient aide de camp du général de cavalerie Dubois, le 1er septembre 1793, puis, quelques mois après, aide de camp du général Michaud, commandant en chef de l’armée du Rhin. Il est promu adjudant-général chef de brigade le 30 décembre 1794.
En 1795, Heudelet devient chef d’état-major du général Gouvion-Saint-Cyr. En 1796, il commande l’avant-garde du général Delmas, Le 20 avril 1795, au sein de l’Armée du Rhin que commande Moreau, il participe activement au combat de Diersheim (Kehl) sous les ordres du général Vandamme. Il obtient, à cette occasion, les félicitations de ce dernier et du gouvernement.
Promu au grade de général de brigade le 5 février 1799, il est chargé d’une mission diplomatique par Bernadotte auprès du landgrave de Hesse-Darmstadt avant de passer à l’armée du Danube (division Vandamme puis division Tharreau). Il fait échouer, à la tête de la 5e division qu’il commande par intérim, le passage de l’Aar tenté par le prince Charles (17 août 1799). Affecté à l’Armée d’Helvétie, il sert à Zurich (25 septembre 1799). Puis il participe à la prise de Fribourg, à la prise de Landshut et à la bataille de Hohenlinden (3 décembre 1800).
Mis en non activité en septembre 1801, le général Heudelet de Bierre commande le département de l’Aube avant d’être affecté, le 6 septembre 1803, au camp de Bruges au sein du 3ème corps (division Friant) du maréchal Davout. Il est à la tête de l’avant-garde et se signale par le passage de l’Ens à Steyer (Bulletin de la Grande armée du 6 novembre 1805), et par le combat de Marienzell, le 8 novembre 1805, où il bat complètement la division du général autrichien Merfeld, forte de 10 bataillons, lui tuant 1 500 hommes, et prenant 4 000 prisonniers, 10 canons, 6 drapeaux et plus de cent voitures d’équipages.
À Austerlitz, Heudelet se distingue particulièrement avec sa 1ère brigade (108e de ligne, 15e léger) au sein de la division Friant. Le divisionnaire rend hommage à son général de brigade : « Je dois cependant distinguer d’une manière particulière le brave et intrépide général Heudelet, dont vous connaissez l’extrême bravoure et les grands talents militaires ». Heudelet est nommé aussitôt général de division (24 décembre 1805).
Chargé de la 2° division du 7e corps (Augereau) en mai 1806, il se montre d’une manière brillante à Iéna, à Golymin et à Eylau, où une balle lui traverse le corps (8 février 1807).
Sa division étant dissoute, le général Heudelet rentre en France soigner sa blessure. Créé comte de l’Empire en 1808, il est affecté, au mois de juillet, au commandement de la 3e division du 8ème corps (Junot) de l’armée d’Espagne, puis à la 5e division du 2ème corps (Soult) à l’armée de Portugal en 1809. Après une belle conduite à Tuy, Valencia et sur le Minho, il participe aux batailles de Bussaco (27 septembre 1810), de Fuentes-de-Onoro (3-5 mai 1811) sous les ordres du général Reynier. Rentré en France en 1811 pour cause de santé, il forme ou inspecte, en 1812, différents corps qui se rendent en Russie. Le 12 mai, on lui confie la 2e division de réserve pour protéger le pays depuis l’Escaut jusqu’à la Baltique.
Après la retraite de Russie, le général comte Heudelet entre dans la place de Dantzig (13 janvier 1813) et fait partie de la garnison sous les ordres du général Rapp qui le charge d’en négocier la capitulation. Conduit comme prisonnier de guerre à Kiew (2 janvier 1814), il ne rentre en France que le 5 septembre et reçoit le commandement de la 18e division militaire (Dijon). Lors du retour de Napoléon de l’île d’Elbe, il montre d’abord quelque hésitation, puis finit par accepter le commandement de la 15e division d’infanterie de l’armée du Rhin (sous Rapp). Le 17 juin, une dépêche télégraphique l’appelle à Paris ; il part le 19 et apprend en route la nouvelle de Waterloo et se retire dans ses foyers.
Le roi ne tarde pas à le nommer gouverneur de la 4e division à Nancy, puis de la 3e à Metz. Il est appelé comme témoin dans le procès du maréchal Ney et fait une déposition très loyale qui déplait et entraîne sa mise en disponibilité, et plus tard à la retraite. Il se retire dans sa terre de Bierre, près de Semur, où il se fait élire conseiller général (de 1819 à 1838).
Après la Révolution de 1830, le général Heudelet est rétabli sur les cadres de l’activité et nommé inspecteur général d’infanterie. Il exerce depuis plusieurs commandements militaires jusqu’en 1835, quand il est placé en réserve (1839) puis admis à la retraite le 30 mai 1848.
Chevalier de Saint-Louis en 1814, pair de France en 1832, grand-croix de la Légion d’honneur en 1836, le général comte Heudelet de Bierre meurt à Paris le 20 avril 1857. Il est enterré au cimetière des Péjoces à Dijon. Son nom est inscrit au côté Est de l’Arc de Triomphe.
Pour en savoir plus :
THOREY (Lionel de) « Destin d’un engagé de 92 : le général Heudelet (1770-1857) » dans Revue de l’Institut Napoléon, 1988, n° 151, p.26
CARNETS DE LA SABRETACHE n° 380 Jan/Fév 1936 & n° 381 Mars/Avr 1936