Le Régiment Royal-Champagne Cavalerie a été livré pendant près de cinq mois à tous les excès de l’insurrection. Les sieurs Davoust, Sous-lieutenant, & Poing, Adjudant de ce Corps, en ont été les principaux moteurs. Les Sous-officiers & Cavaliers s’oublièrent même au point de désobéir à l’ordre qu’ils avaient reçu de sortir d’Hesdin, où ils étaient alors en garnison, sous prétexte que cet ordre n’était signé que du Ministre de la Guerre. Sur l’avis qui fut donné à l’Assemblée Nationale des désordres & de l’insubordination de ce Régiment, elle rendit un décret le 7 août dernier pour prier le Roi d’employer les moyens que Sa Majesté jugerait nécessaires pour faire rentrer cette Troupe dans le devoir. D’après ce Décret & d’après la réquisition de la municipalité d’Hesdin, il fut prescrit à M. de Biaudos, Commandant dans la ci-devant province d’Artois, de faire marcher à Hesdin des détachements pris dans la garnison d’Arras, pour en imposer à la partie insubordonnée du Régiment Royal-Champagne. Le Commandant de ces détachements n’ayant pu parvenir à y rétablir la tranquillité & la subordination, M. de Biaudos eut ordre de se rendre lui-même à Hesdin ; & conformément à l’avis du Comité Militaire de l’Assemblée Nationale, il fut autorisé à faire expédier, à trente-six Sous-officiers & Cavaliers qui furent jugés par leurs propres camarades avoir été les instigateurs des troubles survenus dans le Régiment, des cartouches blanches avec injonction, suivant l’usage prescrit par les Ordonnances et constamment observé dans les Troupes, de se rendre dans leur pays natal. Cette opération a ramené l’ordre & le calme dans le Régiment.
On croit aussi devoir observer que le sieur Davoust a été transféré & détenu environ six semaines dans les prisons militaires d’Arras, pour avoir dépassé de cet espace de temps le congé de deux jours qu’il n’avait obtenu du Commandant de la place d’Hesdin que sur un faux exposé. Il est également à remarquer que les camarades de cet Officier ont demandé qu’il fût mis au Conseil de Guerre, pour que ce Tribunal connût des griefs qui lui sont imputés, & prononçât contre lui la peine qu’il peut avoir encourue.
Avant que le Régiment Royal-Champagne quittât la garnison d’Hesdin, des Commissaires du Roi se sont transportés dans cette ville, pour y prendre une connaissance approfondie de tout ce qui s’était passé dans ce Corps. Le résultat de leur travail est actuellement sous les yeux de l’Assemblée Nationale. Le Ministre de la Guerre invoque avec confiance les témoignages de ces Commissaires & ceux des Membres de l’Assemblée qu’elle a chargés de l’examen de leur Rapport.