BOURKE Jean Raymond Charles (1772-1847)

Ce "wild goose" d’origine irlandaise vécut jusqu’à 75 ans en dépit d’une d’une vie bien mouvementée (Cochinchine, expédition d’Irlande, deux fois St-Domingue, campagnes d’Allemagne et d’Autriche, deux campagnes d’Espagne, ...). Bourke fut en tous cas un fidèle aide de camp du maréchal Davout. Il termina lieutenant-général, comte et pair de France.

Jean Raymond Charles Bourke est né à Lorient le 12 août 1772. Descendant d’une famille irlandaise qui avait suivi Jacques II en France (les « wild geese ») après la défaite des catholiques à la Boyne (1690) et le traité de Limerick, le jeune cadet-gentilhomme Bourke intègre le régiment d’infanterie du colonel Walsh, de la Brigade irlandaise, le 10 janvier 1788. A l’âge de 16 ans, il participe à l’expédition de Cochinchine, de juillet 1788 à mai 1790. Sous-lieutenant au même régiment devenu le 92e RI, il combat à Saint-Domingue en 1791-1793, où il est blessé en défendant le poste de Genton. De retour en France, il passe à l’armée des côtes de Cherbourg et s’embarque, le 23 août 1798, comme chef de bataillon au régiment O’Meara (Brigade étrangère) destiné à l’expédition d’Irlande. Il est fait prisonnier le 12 octobre 1798 à bord du bâtiment qu’il montait mais, échangé peu après, il peut rentrer en France en janvier 1799.

Après l’Irlande, Bourke repart pour Saint-Domingue puisqu’il prend part, à la tête de 300 hommes de la marine, à l’expédition de 1801 comme premier aide de camp du général Leclerc. Il est blessé d’un coup de baïonnette lors de l’attaque du fort de La-Crète-à-Pierrot, puis une nouvelle fois près de l’habitation d’Héricourt.

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Prise de la Crète-à-Pierrot (Saint-Domingue)

Comme beaucoup d’officiers ayant servi sous Leclerc, Bourke, après être revenu en France en 1803, rejoint le 3e corps de l’armée d’Angleterre, et sert à Bruges comme aide de camp du général Davout avec le grade de chef de brigade. Ce grand rouquin (il mesure 1,83m) se distingue dans tous les engagements de la flottille française qui eurent lieu entre Flessingue et Ambleteuse, et principalement à l’affaire de Messidor, sous le cap Grinez que relate le général de Trobriand. Bourke sert ensuite à Austerlitz où, avec une partie du 17e léger, il contient l’ennemi qui voulait prendre en flanc l’armée française. Dans la campagne de Prusse, il s’empare d’un équipage de pont sur la Saale, et porte les postes de cavalerie légère jusqu’à Freyberg. Cette belle action lui vaut le titre de commandant de la Légion d’honneur.

Le 12 octobre 1806, il s’empare de Naumburg et on le retrouve bien évidemment le 14 octobre à Auerstaedt où il est sérieusement blessé au poignet (il en ressentira toujours une gêne). Il sert également à Eylau en 1807, toujours comme aide-de-camp à l’état-major du maréchal Davout, et est fait baron de l’Empire le 16 septembre 1808. Le général Szymanowski, qui l’appelle Barg dans ses Mémoires, le décrit ainsi : anglais (sic) d’origine, qui joignait à l’originalité d’un insulaire des mérites personnels et beaucoup de courage.

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Courrier de Davout à Napoléon du 21 juin 1808

Dans la campagne d’Autriche en 1809, son intrépidité contribue à la prise de 3 000 Autrichiens qui défendaient une des portes de Ratisbonne (23 avril 1809). Juste après la bataille de Wagram, où il eut deux chevaux tués sous lui, Bourke, nommé général de brigade (23 juillet 1809), quitte le 3ème corps et Davout. En effet, l’armée anglaise ayant débarqué dans l’île de Walcheren, il se porte en toute hâte à Anvers, aux ordres de Bernadotte, et entre à la tête de sa brigade, le 15 novembre 1809, dans le fort de Bath, puis à Flessingue, le 15 décembre suivant.

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Signature de Jean Raymond Charles Bourke

Toujours très voyageur, le général baron Bourke gagne ensuite l’Espagne en 1810 sous les ordres du général Reille, puis du maréchal Suchet à partir de novembre 1811. Il s’y signale par des actions de valeur et est blessé le 3 mars 1812 au combat de Roda. Nommé gouverneur de Wesel en novembre 1813 avec le grade de lieutenant-général (général de division), il ne consent à rendre cette place aux Prussiens que sur l’injonction de Louis XVIII, le 18 avril 1814.

De même, en 1815, ce n’est qu’en exécution des traités de Paris qu’il remet à l’armée russe la ville de Givet-Charlement assiégée dont Napoléon Ier lui avait confié la défense le 17 mai 1815.

Mis d’abord en non-activité puis nommé Inspecteur général d’infanterie en 1818, le général Bourke est appelé à faire la campagne d’Espagne en 1822. Avant de partir, il rend d’ailleurs une visite au Maréchal Davout à Savigny-sur-Orge (avril 1822) en compagnie de ses anciens collègues de Castres et d’Houdetot. L’année suivante, il est nommé Commandeur de Saint-Louis (12 avril 1823), grand’croix de l’ordre de Saint-Ferdinand d’Espagne, grand officier de la Légion d’honneur (24 août 1823), puis grand’croix de la Légion d’honneur (29 octobre 1826). Louis XVIII l’a également fait comte et pair de France le 9 octobre 1823.

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La sépulture du général Bourke à Ploemeur a été rénovée en 2006 par le Souvenir français (Crédit photo : Comité d’Histoire du Pays de Ploemeur)

Après 42 ans de service, 22 campagnes et 12 blessures, le général comte Bourke s’éteint sans postérité à Ploemeur le 29 août 1847. Son nom est inscrit au côté Est de l’Arc de Triomphe.

Pour en savoir plus :
- « Biographie du général Jean Raymond Charles Bourke » dans Les Cahiers du Pays de Ploemeur par Denise Le Guillou (Cahier n°1 - décembre 1990) puis par Yves Banallec (Cahier n°16 - décembre 2006).
- « Jean Raymond Charles Bourke », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852