Gley R.

"Voyage en Allemagne et en Pologne pendant les années 1806 à 1812" par R. Gley, principal au collège d’Alençon, Paris - Gide Fils - 1816

Raconté par R. Gley

« Après la paix de Tilsit, le maréchal entra dans le duché de Varsovie, ayant sous ses ordres un corps de quatre-vingt mille hommes, dont il fallait assurer les subsistances, dans un pays déjà épuisé. Partout il rencontrait des préventions qu’il fallait détruire. Le corps du maréchal N..., qui venait de traverser le duché, pour se rendre en Silésie, s’était conduit comme une horde de brigands. Les officiers et les soldats traînaient ouvertement après eux les objets de leurs rapines. Ce corps d’armée suffisait à peine pour escorter le bétail, les chevaux et les effets qu’il avait enlevés aux habitants. On commençait à croire en Pologne que les Français n’y étaient entrés que pour la piller et la dévaster ».

« Afin d’arriver à la source des abus, le maréchal fit établir des magasins ; il pouvait contenir dans une certaine mesure, le soldat à qui il faisait faire des distributions régulières ; sa sévérité fit des exemples. Il ne négligeait aucun moyen pour prévenir les excès ».

« la fermeté de son caractère n’a peut-être pas toujours connu les bornes d’une juste sagesse. Ses ordres se sont quelquefois développés sous des formes trop dures. La droiture de ses intentions l’excusait ; il sentait vivement la grandeur du mal et les difficultés de sa position. Qu’auraient fait, entourés de tant d’écueils, ceux qui osent le blâmer aujourd’hui ? »

« L’archevêque (De Pradt) prétent avoir entendu raconter du maréchal, des scènes détestables ».

« A-t-il bien approfondi ces ouï-dire ? Est-il en état d’indiquer des faits bien précis, bien avérés, auxquels puissent s’attacher les prétendues scènes dont il parle ? Quel est l’homme sage, qui voudrait hasarder une imputation aussi odieuse sur un bruit vague, sur des commérages de salon ? »

« Le maréchal Davoust peut avoir repoussé quelques voeux particuliers ; il a peut-être réveillé des passions et produit quelques mécontentements ; mais en général les Polonais ont toujours montré un profond respect pour son nom, et une grande confiance en sa loyauté et sa franchise ».

"Voyage en Allemagne et en Pologne pendant les années 1806 à 1812" par R. Gley, Paris - Gide Fils - 1816 (page 149)