13. En exil à Louviers

Pour avoir témoigné à décharge lors du procès du maréchal Ney, Davout est exilé à Louviers (Eure). Il quitte Savigny le 30 janvier 1816 sous escorte policière et ne sera autorisé à revenir que le 25 juin.


 
  Par ordonnance royale du 27 décembre 1815, le prince d’Eckmühl est éloigné de Paris, assigné à résidence à Louviers, dans le département de l’Eure, et privé de ses traitements.

Lisons ce qu’en écrit Albert Le Lorier :

« Le Maréchal vivait alors retiré dans son domaine de Savigny-sur-Orge, « arrdt d’Etampes, Seine et Oise, aujourd’hui Yvelines ), et ce fut seulement vers la fin de janvier 1816 que le préfet de ce département reçut du ministre de la police générale, M. Decazes, l’ordre, ou plutôt, pour employer le langage ministériel, l’autorisation de lui délivrer les passeports alors indispensables pour se rendre à destination.

Mais le Maréchal, à cette époque absent de Savigny, se trouvait momentanément à Paris ; ce fut par la suite le ministre de la police générale qui fit lui-même établir, à la date du 22 janvier 1816, et adresser au Maréchal des passeports pour lui, la Maréchale, sa famille et ses serviteurs.

Par lettre du 27 janvier, le ministre donna avis au préfet de l’Eure de la prochaine arrivée du Maréchal dans son département, en l’informant que celui-ci devrait être l’objet d’une surveillance, mais surveillance simplement secrète, et qu’il ne devrait lui être accordé de passeport pour sortir du département qu’après une autorisation ministérielle. Il était enjoint en même temps au préfet de rendre compte de l’arrivée du Maréchal, ainsi que du lieu qu’il aurait choisi pour y fixer son habitation. Le Maréchal arriva à Louviers le 31 janvier au soir, en passant par Vernon, où il avait dû s’arrêter pour attendre ses passeports, sans lesquels il s’était mis en route, et qui devaient, d’après les instructions qu’il avait laissées, lui être expédiés dans cette ville.

Dès le 1er février au matin, le maire de Louviers rendait compte au préfet, par express de l’arrivée du Maréchal, en faisant connaître qu’il était descendu chez un parent de Mme Davout, et qu’il projetait de s’installer dans la maison d’un sieur Daireaux, ancien membre de la chambre des Représentants pendant le " dernier séjour de Bonaparte en France" (sic !). Le sous-préfet adresse ce même jour à son chef un compte rendu identique, mais plus détaillé. Le parent de Mme Davout, dans la maison duquel le Maréchal avait pris provisoirement son logement, était le frère d’un sieur Langlois, demeurant à Paris, aussi ancien député pendant les Cent Jours ; »

Davout est hébergé chez un cousin de son épouse, rue Royale à Louviers, où il fait l’objet d’une surveillance étroite. Ses allers et venues, les gens qu’il reçoit sont sujets à rapports du Maire et du Procureur au Préfet. Pourtant, le maréchal bouge peu et voit peu de monde. Il n’a pour seul domestique que son valet de chambre Mayer. Ce Taddeus Mayer était un Prussien qui avait fui les mauvais traitements d’un chef ivrogne et brutal. Recueilli, soigné par les ordres du maréchal en 1806, il s’était passionnément dévoué à lui et l’a servi pendant de longues années (Marquise de Blocqueville, T.4, p.329).

Pendant que Davout distrait son ennui en lisant et profite de la fréquente présence de ses enfants Louis Napoléon, âgé de 5 ans, et Louise, âgée de 9 mois, la maréchale est partout : à Paris où elle essaie de louer l’hôtel de Monaco et de vendre l’argenterie pour faire face aux besoins d’argent, à Savigny où elle veille à l’entretien du château et aux soins de ses enfants et à Louviers où elle vient visiter son mari dès qu’elle le peut. En plus, elle effectue des démarches pour obtenir le retour du maréchal à Savigny.

Grâce aux efforts conjugués du duc de Doudeauville et du duc de Tarente (le maréchal MacDonald), le prince d’Eckmühl sera finalement autorisé à rentrer à Savigny le 25 juin mais ses traitements ne lui seront restitués qu’en août 1817, plus d’un an après !