On prendra garde de ne pas confondre Louis Turreau de Linières avec son cousin homonyme ( Louis-Marie Turreau de Garambouville) qui fut l’inventeur des « colonnes infernales » en vendée.
"Notre" Louis Turreau est né à Orbec, dans le Calvados, le 18 septembre 1761. Fils d’un magistrat d’Evreux, il est lui-même avocat. Devenu administrateur de l’Yonne, il est élu député de ce département à la Convention. Il se lie d’amitié avec le jeune Louis Nicolas d’Avout qui l’amène souvent au domicile familial à Ravières. C’est ainsi que naît une liaison entre le jeune homme, âgé de seulement 28 ans, et la mère du futur prince d’Eckmühl. Le mariage est célébré à Ravières le 30 août 1789. La famille Davout, hostile au mariage, n’assiste pas à la cérémonie alors que la famille Turreau est largement représentée. Le mariage, effectivement, ne durera pas longtemps et le divorce est prononcé dès 1793.
Louis Nicolas continue toutefois d’entretenir des relations suivies avec son ex-beau-père. Celui-ci initie Davout aux idées nouvelles. Il met le jeune homme en relation avec le montagnard Bourbotte (1763-1795), également originaire de l’Yonne, qui, compromis dans l’insurrection de prairial, sera guillotiné. On trouve d’ailleurs, dans la correspondance léguée par la marquise de Blocqueville, une très longue et très touchante lettre de Davout à son ami Bourbotte au moment où ce dernier vit ses dernières heures.
Turreau de Linières est un thermidorien zélé qui, après avoir voté la mort du Roi, n’hésite pas à s’opposer à Robespierre ou au redoutable Fouquier-Tinville. Il effectue différentes missions dans l’Aube, dans l’Yonne, aux côtes de La Rochelle, aux côtes de Brest où il se signale par une certaine dureté (outre le massacre des habitants de Noirmoutier le 3 janvier 1794, on lui attribue l’incendie d’un des faubourgs de Saumur).
C’est incontestablement sous l’influence de Turreau que Davout a abandonné la particule de son nom. Cela ne suffit pas toutefois à effacer ses origines nobles et le jeune officier doit démissionner de l’armée. C’est encore Turreau, alors représentant du Peuple à l’Armée des Alpes, qui intervient en sa faveur et aide Davout à réintégrer l’armée avec le grade de général de Brigade (21 septembre 1794).
Cependant, les prises de positions de Turreau sous la Convention et sous le Directoire lui ont valu de très vives inimitiés. Il meurt dans des conditions étranges le 7 avril 1797 à Coni en Italie. Il n’avait que 36 ans.