Georges Kister est le fils naturel légitimé de André Kister, fourrier de la Compagnie des Grenadiers de la Légion royale, et de Anne-Marie Eidesheim. Il est né à Sarreguemines le 26 janvier 1755. Le jeune garçon embrasse très tôt la carrière militaire puisque, dès l’âge de 9 ans, le 1er septembre 1764, il intègre à son tour la Légion royale. En 1768, il n’a donc que 13 ans, il est envoyé en Corse et participe, le 9 mai 1769, au combat de Pontenuovo qui décide du sort de l’île. Cette même année, un jeune Napoleone Buonaparte naît à quelques kilomètres de là.
Revenu en métropole, Georges Kister sert dans différentes compagnies et progresse en grade. Il est nommé sous-lieutenant le 23 septembre 1784 et se marie l’année suivante (4 octobre 1785) avec Madeleine Mathieu. Dès lors, la carrière du jeune officier va s’accélérer. Il est promu lieutenant en second (25 avril 1787) puis capitaine auxiliaire (29 février 1788). Il est confirmé au garde de capitaine le 5 février 1792. Dix jours après, Kister, qui aime beaucoup les honneurs et les décorations, est nommé chevalier de l’Ordre royal de Saint-Louis. Il est vrai qu’il compte déjà 28 ans de service.
Affecté à l’Armée du Rhin, Kister participe à divers combats, et notamment à celui de Nottweiller (15 septembre 1793). Nommé chef de brigade (9 juillet 1794), il est d’abord affecté à l’état-major du général Clarke, puis sert ensuite sous Gouvion-Saint-Cyr et sous Duhesme. C’est à la tête du 21 régiment d’infanterie légère que Kister se distingue à Reichenbach (30 septembre 1796), et surtout à la bataille de Biberach (2 octobre 1796) où il a un cheval tué sous lui. Quelques jours après (24 octobre), à Schlingen, il est légèrement blessé et a une autre cheval tué. A la suite de ces évènements, le général Moreau le nomme provisoirement chef de brigade du 24ème de ligne, grade confirmé par le Directoire en juin 1797.
En septembre 1797, il est désigné pour se rendre à l’Armée d’Italie. Les bonnes appréciations de ses supérieurs amènent le Directoire à le nommer général de brigade (5 février 1799). Kister s’illustre à Bossolengo (5 avril) puis à Cassano (27 avril) où il reçoit un coup de sabre sur la tête et a encore un cheval tué sous lui. Après avoir participé, avec l’Armée des Grandes Alpes, au combat de Pignerol (30 octobre 1799) puis à la bataille de Marengo (14 juin 1800), il est affecté à l’état-major de l’armée et rentre donc en France.
Placé d’abord en non-activité, il est ensuite envoyé à la 3ème division militaire à Metz (6 octobre 1801). Kister, qui apprécie particulièrement médailles et décorations, a le plaisir de recevoir la Croix de la Légion d’Honneur (11 décembre 1803) puis d’être promu commandant de l’Ordre (14 juin 1804).
Mais les hostilités reprennent et, le 31 août 1805, il est affecté à Spire, au 3ème corps du maréchal Davout. Celui-ci en est satisfait puisque, Kister étant bien arrivé mais pas ses lettres de services, le maréchal écrit à Berthier : « Je vous prie de vouloir bien me les adresser , je les recevrai avec d’autant plus de plaisir que je porte au général Kister un estime toute particulière ». Kister reçoit le commandement de la 3ème brigade (33ème de ligne et 15ème léger) au sein de la division Friant. Avec son divisionnaire, il se distingue particulièrement à Austerlitz, autour du village de Sokolnitz, où il a encore un cheval tué sous lui, trois même si l’on en croit Bégin (Biographie de la Moselle).
Kister suit le 3ème corps et c’est donc tout naturellement qu’il participe aussi à la bataille d’Auerstaedt (et non de Iéna comme l’écrit par erreur Henri Tribout). Toujours sous Friant, il y commande la brigade composée du 33ème de ligne et du 48ème de ligne qui payèrent un lourd tribut à la victoire.
Le général Kister participe enfin à la bataille d’Eylau. C’est sa dernière campagne puisque, perclus de goutte, il éprouve de plus en plus de difficultés à se déplacer. Napoléon accède donc à son désir et le nomme gouverneur de la principauté de Fulde. Kister reçoit en outre 4.000 francs de rente sur la Westphalie et le titre de baron de l’Empire (19 mars 1808). Cela ne suffit pas à Kister, toujours avide d’honneurs, qui sollicite aussi d’être promu général de division et décoré de l’Ordre de la Couronne de fer. Malgré ses demandes répétées, l’Empereur ne lui donnera pas satisfaction ( en 1814, il n’hésitera pas à demander à Louis XVIII de le nommer Grand-Officier de la Légion d’Honneur).
Sa mission à Fulde s’étant terminée en décembre 1808, le général baron Kister demande à retourner à Metz, à la 3ème division militaire. Au contraire, il est affecté d’abord à Strasbourg, puis à Bade et enfin à Salzbourg comme gouverneur de la province où il reste jusqu’au 15 avril 1810. Il rejoint ensuite sa propriété de Saint-Avold où il multiplie les demandes de congés payés. Mais, le 14 avril 1811, son stratagème prend fin et on refuse de lui payer davantage de congés. Napoléon l’envoie même à Dantzig et Kister doit s’y résoudre. Il ne reste toutefois que quinze mois dans cette ville et, en juillet 1812, il demande à faire valoir ses droits à la retraite après 48 années de service. Cette demande est acceptée. Il a alors 57 ans et retourne sur ses terres de Saint-Avold.
De 1817 à 1824, le général baron Kister est maire de Saint-Avold.. Il s’éteint le 24 décembre 1832 à l’âge de 77 ans. Il est à noter qu’il fut enterré dans le cimetière de sa commune mais que sa tombe n’existe plus aujourd’hui.
Pour en savoir plus :
« Le général Kister, baron d’Empire » Henri Tribout, Revue des études napoléoniennes, février 1935.