DUNESME Martin François (1767-1813)

François Dunesme commanda le fameux 25e de ligne, au sein du 3ème corps, à partir de la fin 1807. Avec son régiment, il s’illustra à Eckmühl, à Wagram et pendant la campagne de Russie au cours de laquelle il eut un sérieux différend avec le maréchal Davout. Devenu général et baron de l’Empire, il fut tué à Kulm en juillet 1813.

Martin François Dunesme est né le 17 mars 1767 à Viel-Saint-Remy (Ardennes).

Après des études de droit et une activité de notaire à Thin-le-Moutier, Dunesme entra au service comme sergent-major le 22 septembre 1791 dans le 1er bataillon des Ardennes.

Il fit aux armées des Ardennes et du Nord la campagne de 1792, et passa capitaine le 15 mai de cette même année.

Le 4 mars 1793, à l’affaire d’Hesmin, petit village situé entre Hervé et Liège, l’armée française se reposant dans un défilé fut surprise par les Autrichiens ; le capitaine Dunesme court à sa compagnie, la rassemble, se précipite sur l’ennemi à la baïonnette, lui tue une cinquantaine d’hommes, met toute sa ligne eu déroute, et ne rejoint son bataillon qu’après avoir entièrement dégagé la colonne.

Dans cette action, il s’élança seul au milieu des rangs ennemis, et alla y chercher deux soldats autrichiens qu’il ramena prisonniers.

Le 16 du même mois, en avant de Tirlemont, il tomba à l’improviste sur les postes autrichiens qu’il força à une retraite précipitée.

Le 20 vendémiaire, à Châtillon, les royalistes étant venus attaquer une colonne républicaine placée en avant de cette ville, et l’ayant mise en déroute, le capitaine Dunesme, qui était de garde au quartier général, ne quitta son poste que le dernier, soutenant la retraite avec son détachement.

Parvenu à quelque distance hors de la ville , il aperçut un des drapeaux des rebelles et résolut de s’en emparer. Il s’élance aussitôt, mais mal soutenu par les siens, il se trouva seul au milieu des ennemis.

Chargé alors par les royalistes, accourus en grand nombre , il eût infailliblement succombé, si le nommé Hoclet, son ancien fourrier, alors canonnier à cheval dans la légion de Westermann, ne fût accouru à son aide.

Ce soldat, malgré le feu meurtrier des Vendéens, parvint jusqu’au capitaine, le fit monter sur un cheval qu’il conduisait en main, et l’aida ensuite à se faire jour à travers la foule des ennemis.

De retour à sa compagnie, Dunesme soutint encore la retraite avec une poignée d’hommes jusqu’au bois des Chèvres, où on avait rallié quelques centaines de républicains auxquels il se joignit pour reprendre l’offensive, et les royalistes, attaqués à leur tour, furent obligés de prendre la fuite.

Le 3 brumaire suivant, Dunesme soutint seul, avec sa compagnie, pendant plus d’une heure, la retraite de l’armée, et fut même assez heureux pour arracher des mains des Vendéens un grand nombre d’habitants qu’ils étaient sur le point d’immoler à leur fureur.

Il reçut dans cette circonstance une forte contusion au genou droit, et serait devenu victime de son dévouement sans l’intrépidité de l’aide-de-camp Cavaignac qui l’emporta sur son cheval après l’avoir retiré de dessous les baïonnettes ennemies.

Il fit ensuite la campagne de 1793 à l’armée des côtes de Brest, et fut blessé au bras droit en chargeant avec sa compagnie.

Nommé le 15 novembre 1795 chef de bataillon dans le même corps, il passa en 1796 à l’armée du Rhin, en 1797 à celle d’Helvétie, puis, en 1799 aux mêmes armées et à celle d’Italie.

Le 6 juin 1799, avec un bataillon de conscrits qu’il menait pour la première fois au feu, il attaqua l’ennemi sur l’Albis, près de Zurich, lui tua 500 hommes et reprit une position que la division Soult avait été obligée d’évacuer.

Le 14 août suivant, il débusqua les Autrichiens du petit Saint-Bernard, après leur avoir tué ou blessé une centaine d’hommes et fait 20 prisonniers. Le 30 août de la même année, à Suze, où il commandait quatre compagnies formant la colonne de droite, il enleva 150 prisonniers à l’ennemi, et le 16 septembre, à Rivoli, il fit encore 150 prisonniers.

Le 4 novembre, au combat de Savigliano, il se fit jour à travers les bataillons ennemis, leur enleva une pièce de canon, en reprit une autre, et fit mettre bas les armes à 230 Autrichiens.

Le 7 avril 1800, au combat de Monte-Faccio, près de Gênes, où il commandait la colonne du centre, il fit 300 prisonniers et eut sa capote criblée de balles. Le 15 du même mois à Albissola, après avoir dégagé le général en chef Masséna, il se battit seul contre plusieurs Autrichiens et en terrassa trois, qu’il força de se rendre. À Volta, le 18, il mit en déroute, avec 30 hommes seulement, un bataillon autrichien fort de 700 combattants ; et il fut blessé, le 30 avril suivant, d’un coup de feu à la cuisse au combat de la Montagne des Deux-Frères.

Rentré en France après le siège de Gênes, on l’employa dans la 9e division militaire (juillet 1800).

Retourné à l’armée d’Italie en 1801, iI tint garnison à Conegliano , il fut nommé major le 1er décembre 1802. Affecté au 6ème corps de la Grande armée en 1805, il fit les campagnes d’Autriche, de Prusse et de Pologne et fut nommé colonel le 11 juillet 1807.

Nommé à la tête du 25e régiment de ligne le 10 novembre 1807 à la place de Cassagne au sein de la division Gudin du 3ème corps, il servit à Thann (10 avril 1809), Abensberg (20 avril), Eckmühl (22 avril), Ratisbonne (23 avril), Wagram (6 juillet).

Il reçut la croix d’officier de la Légion d’honneur le 12 juillet 1809 avec une dotation de 4 000 livres de rente, avant d’être créé baron de l’Empire le 11 juin 1810.

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Signature du colonel Dunesme

Dunesme effectua ensuite la campagne de Russie au sein du 1er corps, toujours sous Davout (division Compans) et participa à la bataille de la Moskowa (7 septembre 1812) avant d’être envoyé par Davout à Landsberg (4 février 1813). Comme il préféra se retirer sur Custrin, il eut une violente altercation avec Davout qui lui arracha son sabre et l’envoya aux arrêts de rigueur : « Un ordre que j’avais envoyé d’ici au colonel Dunesme de rester à Landsberg, où il aurait dû être rendu hier pour y rester jusqu’à nouvel ordre, à moins que des forces supérieures ne le forçassent à se replier sur Custrin, n’a pas été exécuté ; ce colonel, à quelques lieues de Soldin, a rencontré une cinquantaine de cosaques avec lesquels ses tirailleurs ont fait le coup de fusil, et, sur les rapports des habitants, que beaucoup de troupes étaient arrivées à Landsberg, il a pris sur lui de ne pas exécuter son ordre et de revenir sur Custrin, quoiqu’il n’eût réellement vu que ces cinquante hommes. Je l’ai traité comme il le méritait, et je fais faire une enquête pour examiner sa conduite. J’adresserai toutes les pièces au Vice-Roi, en le priant de faire faire un exemple » (Lettre de Davout au duc de Frioul, 5 février 1813). Le maréchal se montre à nouveau fort sévère à l’égard de Dunesme dans un courrier du 7 février au prince Eugène : « Cet officier a montré plus que de la pusillanimité, et est coupable de n’avoir pas exécuté un ordre formel et réitéré. Je demande qu’il en soit fait un exemple, et je le laisse en arrestation ici pour attendre vos ordres. J’ai fait déposer son épée chez le commandant de la place. J’incline d’autant plus pour la sévérité que cet officier a montré dans cette circonstance autant de mauvaise foi que de faiblesse ». Fort heureusement pour lui, Dunesme fut acquitté par le conseil d’enquête et renvoyé à son régiment.

Il servit ensuite en Saxe en 1813.

Nommé général de brigade le 13 juillet 1813, il fut tué d’un coup de feu, le 30 août suivant, à la bataille de Kulm (Bohême), au moment où, à la tête des troupes qu’il commandait, il perçait la ligne prussienne pour reprendre le village d’Hellendorf.

Source « Martin François Dunesme », dans Charles Mullié, « Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850 », 1852