Fils de Jean-Jacob de Coëhorn et de Madeleine Dorothée Lang, Louis-Jacques est né à Strasbourg le 16 janvier 1771. Il embrasse le parti des armes à l’âge de 12 ans. Dès l’année suivante, il est nommé sous-lieutenant, à l’âge de 13 ans !
Lieutenant en second à 17 ans et lieutenant en premier à 20 ans, il part à Lorient et de là pour la Guyane en 1792. Nommé capitaine (9 juin 1792), il démissionne pour maladie l’année suivante, revient en France et s’engage comme simple soldat à l’Armée des côtes de Brest. Le 31 décembre 1794, il rejoint l’Armée de Rhin-et-Moselle. En avril 1795, il se signale devant Mayence. Il sert à Pfedersheim et Lampsheim à la fin du mois de novembre, à Renchen (28 juin 1796), Rastadt (5 juillet) et Ettlingen (9 juillet). Devenu aide de camp du général Decaen (4 août), il est encore à Neresheim (11 août).
Mais, le mois suivant, après la prise de Kaiserslautern, Coëhorn veut réprimer les excès d’une colonne de chasseurs qui se livre au pillage à Geisenfeld. Il est reçu par des huées. Indigné, Coehorn menace de punir de mort les pillards, on lui rit au nez : alors il en étend un à ses pieds d’un coup de feu et en blesse un autre. Dès le premier instant les mutins sont interdits, bientôt ils s’insurgent tous, Coehorn se retourne vers eux, leur fait de nouvelles menaces, mais, ajoute-t-il, « si quelqu’un veut venger la mort de son camarade, me voilà prêt » et il jette ses armes ; plusieurs de ces hommes se précipitent alors sur lui et lui font onze blessures. Quelques officiers parvinrent à grand peine à lui sauver la vie mais il est fait prisonnier.
Libéré le 1er mai 1797, il est nommé chef de bataillon. Il est affecté à l’Armée d’Angleterre (1798) puis du Danube (1799). Il se distingue à Ostracht (21 mars 1799) mais, quatre jours après, à Stockach, il est blessé d’un coup de feu qui lui fracasse le pied gauche. Nommé chef de brigade le 20 août 1799, il rejoint la division Delmas à l’Armée du Rhin (avril 1800). Il participe à tous les combats de la division et se distingue notamment à Hohentwiel (1er mai), à Moesskirch (5 mai), à Neubourg (27 juin).Cela lui vaut d’être confirmé adjudant général chef de brigade par arrêté des consuls le 20 juillet 1800. Il sert à l’Armée du Rhin jusqu’à son affectation au camp de Bruges, le 29 août 1803.
Le 11 janvier 1805, il intègre le 3e Corps en qualité de chef d’état-major à la 1ère division. Il participe à la bataille d’Austerlitz et, bien sûr, à celle d’Auerstaedt (14 octobre 1806) au cours de laquelle il est blessé.
Le 13 décembre 1806, sur les bords de la Narew, devant Dembe (près de Varsovie), il est à nouveau blessé, plus gravement, d’une balle au front. Le général Morand indique au maréchal Davout « J’espère que sa blessure ne sera pas dangereuse ». Cependant le 15, Morand annonce que « le colonel Coehorn va assez mal ». Il l’engage alors à se rendre à Varsovie mais Coehorn ne veut pas y aller sans un ordre du maréchal.
A Eylau, il sert comme chef d’état-major du général Morand (1ère division du 3e Corps). Le 21 mars 1807, il est nommé général de brigade et affecté à la division Oudinot le 22 avril. Le général Coëhorn sert devant Weichselmünde, devant Dantzig, (15 mai) avant de recevoir encore une balle dans la cuisse à la bataille de Friedland (14 juin). Il est créé baron de l’Empire le 19 mars 1808 (Lettres patentes du 27 novembre).
Dans le Corps d’Oudinot, le général baron Coëhorn participe aux combats de Pfaffenhofen (19 avril 1809) et de Landshut (21 avril) et à la libération de Passau (27 avril). Il est nommé commandant de la Légion d’Honneur le 30 avril.
A l’affaire d’Ebersberg (3 mai 1809), sa brigade (division Claparède), séparée du reste de l’armée, par l’incendie du pont sur la Traun, lutte pendant trois heures et avec quatre pièces d’artillerie seulement contre 40,000 Autrichiens. « Jamais, je crois, aucune fête nocturne ne fut plus illuminée, aucun bivouac n’entendit plus de ces conversations animées où chacun se félicite d’avoir échappé à telle ou telle scène de l’affreux combat de la journée. Coehorn, Masséna et Legrand étaient les noms que tous répétaient avec admiration » (Lejeune). D’après Masséna, Napoléon fit un à Coehorn un accueil plus paternel que sévère, et lui reprocha cependant son imprudente ardeur : « Si vous aviez attendu les troupes qui vous suivaient pour attaquer, le même résultat eût été obtenu, et nous n’aurions pas à déplorer la mort de tant de braves gens ».
Le général Coehorn se trouve encore, toujours sous Oudinot, aux batailles d’Essling, et de Wagram, au cours de laquelle il est une nouvelle fois blessé. Ses multiples blessures lui valent d’être mis en congé pour raison de santé du 15 mai 1810 au 10 juin 1811. Après un très court passage en Espagne pendant l’été 1811, il revient à Paris et est mis en disponibilité. Le 20 mars 1813, il est affecté au 6e Corps de la Grande Armée en Saxe que commande Marmont. Il sert à Lützen (2 mai 1813) et à Bautzen. A la bataille des Nations, à Leipzig, alors qu’il mène la 1ère brigade de la 22e division (général Friederichs), il a la cuisse emportée par un boulet. Il reste au pouvoir de l’ennemi et doit être amputé (10 octobre). Rentré à Strasbourg, il meurt des suites de sa blessure le 29 octobre 1813.
En 1798, il avait acquis le château d’Ittenwiller.
Le général baron Coëhorn, chevalier de l’Ordre du Mérite militaire de Max-Joseph de Bavière (10 juin 1809) puis commandeur (15 novembre 1810), a son nom inscrit au côté Est de l’Arc de Triomphe.
Pour en savoir plus : « Le Général Baron de Coëhorn » par Hubert d’ Andlau-Hombourg (avril 2005)