Fils de Pierre Paul et d’Anne Luppo Giugeli, Jacques François Gay [1] est né le 22 février 1757 à Turin en Italie.
A 22 ans, il entre au service du roi de Sardaigne avec le grade de sous-lieutenant. Promu lieutenant deux ans après (28 mars 1777), il est nommé capitaine le 5 mai 1791 dans le nouveau régiment des pionniers puis major le 27 avril 1795. Nommé chef de bataillon à la 1ère demi-brigade d’infanterie légère piémontaise au service de la France le 15 janvier 1799 puis chef de bataillon adjoint à l’état-major du général Victor 5 jours plus tard, il est mis à la suite de la 29ème demi-brigade d’infanterie de ligne et autorisé à continuer ses fonctions auprès du général Victor en Italie. Promu chef de brigade commandant le service topographique des troupes piémontaises le 2 octobre 1800, Jacques François Gay est mis à la tête de la 1ère demi-brigade d’infanterie de ligne piémontaise le 28 février 1802, cette demi-brigade devenant bientôt le 111ème régiment de ligne (24 septembre 1803).
C’est à la tête de cette unité qu’il intègre le 3ème corps de la Grande Armée (division Friant) que commande le maréchal Davout. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 11 décembre 1803 puis officier le 14 juin 1804.
Dès le 2 décembre 1805, au sein de la brigade Lochet, Gay se distingue à la bataille d’Austerlitz en prenant, à la baïonnette, le village de Sokolnitz et en le conservant malgré trois offensives successives de l’ennemi. Le colonel Gay, dit Friant, a donné « l’exemple du courage le plus entraînant et fait preuve de l’expérience la plus consommée ». Le 111ème, ajoute t-il, qui n’avait point encore combattu comme régiment français, « s’est acquis dans cette journée la réputation de bravoure qu’on accorde aux anciens régiments ».
Toujours à la division Friant (brigade Grandeau), Gay se fait à nouveau remarquer avec son 111e de ligne à la bataille d’Auerstaedt (14 octobre 1806) : « Le 111e régiment appuyait sa gauche à la 3e division et il continuait de sang-froid sa marche sous un feu des plus meurtriers. Il commença l’action en défendant avec vigueur le village de Hassenhausen dont l’ennemi voulait s’emparer ; il s’avança à pas de course sur une batterie dont il essuya six décharges à mitraille qui, dans quelques minutes, lui mirent hors de combat 18 officiers et 250 hommes environ, ce qui causa un instant de désordre parmi les soldats, désordre qui fut bientôt réparé » (Rapport du général Friant). Puis, se reportant sur sa droite, le 111e s’attaque au Spielberg ainsi que le raconte l’historique de ce régiment [2] : « Les Prussiens défendent ce terrain pied à pied en faisant charger tour à tour leur infanterie et leur cavalerie. Leur artillerie décime les assaillants. Sous ce feu écrasant, le régiment s’arrête, indécis ; il faiblit. [...] Le colonel Gay, s’adressant aux plus anciens, leur rappela les exploits d’Austerlitz. [...] La charge bat, tout le monde s’élance dans le village malgré la mitraille ».
Cela vaut à Gay, âgé de bientôt 50 ans, d’être nommé inspecteur aux revues (29 octobre) puis intendant à Kalisch en Pologne (19 novembre).
D’abord rattaché au 1er corps de la Grande Armée (mars 1807), le colonel Gay est envoyé en Espagne en août 1808 avec un titre de baron de l’Empire (lettre patente du 16 septembre 1808). Il est employé à Bayonne comme directeur du bureau central des revues et décomptes de l’Armée d’Espagne. Le 24 juillet 1811, il reçoit des lettres de service pour exercer l’emploi d’inspecteur aux revues dans la 29ème division militaire (Florence) mais cesse ses fonctions l’année suivante pour être admis à la retraite à l’âge de 55 ans.
Le colonel baron Gay s’éteint le 7 mars 1733 [3].
[1] On ne confondra pas notre colonel Gay avec le baron Gay de Vernon (1760-1822), ni avec le général Louis Gay (1772-1838) qui commanda notamment le 79ème de ligne
[2] « Historique du 111e régiment d’infanterie » par A. ADAM - Bastia, Eugène Ollagnier, 1890
[3] Le Dictionnaire des colonels de Napoléon de Danielle et Bernard Quintin fournit cette date de décès sans indiquer de lieu alors qu’un site internet italien consacré au 111e de ligne prétend que le colonel Gay serait retourné en Italie à la fin de l’Empire et qu’il serait mort le 11 septembre 1826 à Aix-les-Bains (Savoie). Quant au comte Friant, petit-fils du divisionnaire de Davout, il fait mourir Gay en 1813 au siège de Hambourg (Vie militaire du lieutenant-général comte Friant, Paris, Dentu, 1857, page 126), hypothèse peu crédible.