VERGEZ Jean-Marie (1757- 1831)

C’est à la suite de sa conduite à Auerstaedt que Jean-Marie Vergez a acquis son grade de général. Plusieurs fois blessé, ce valeureux Bigourdan fait pourtant injustement partie de la quarantaine d’oubliés de l’Arc-de-Triomphe.

Jean-Marie Vergez est né le 12 juin 1757 à Saint-Pé de Bigorre, dans les Hautes Pyrénées. Il s’engage comme soldat au régiment de Condé-infanterie le 1er avril 1778 mais c’est en mer qu’il participe au siège de Gibraltar. Congédié en 1786, il se réengage, toujours comme soldat, au régiment de Saintonge l’année suivante puis dans la Garde nationale de Paris en 1789. On le retrouve avec le grade de capitaine en 1793 au 1er bataillon de chasseurs des montagnes à l’Armée des Pyrénées Occidentales. Il sert à la prise du col de Maya et à la prise de Tolosa en 1794.

En septembre 1795, Vergez passe à l’Armée des Côtes de l’Océan. Il y sert comme carabinier et contribue à l’arrestation de Charrette le 23 mars 1796, ce qui lui vaut sans doute son grade de chef de bataillon (5 août 1796). En janvier 1797, il est versé à l’Armée d’Italie. Il se distingue à Storla le 15 décembre 1798. Il est promu chef de brigade le 5 mai 1799. Cela n’empêche pas Vergez d’être blessé à deux reprises ; d’abord d’un coup de feu à l’épaule gauche à la prise de Modène (12 juin 1799), puis d’un coup de feu à la hanche droite à Chiavari (26 août 1799). Il se signale pourtant à la bataille de Novi le 6 novembre. Versé dans l’Armée des Grisons, il retourne ensuite en France en 1801 et est stationné à Verdun.

Comme beaucoup d’autres, c’est au camp de Bruges, en 1803, que Vergez intègre le 3ème Corps de Davout. Il prend le commandement du 12e de ligne au sein de la division Gudin. Il effectue donc les campagnes d’Autriche, de Prusse et de Pologne. Il est toutefois gravement blessé à Auerstaedt, recevant trois balles, une au coup et une à chaque épaule. Lisons le rapport du général Gudin : « Ce régiment (le 85e) repoussa plusieurs des charges dirigées contre lui, mais il eût infailliblement succombé, si le 12e régiment, commandé par le colonel Vergez, ne se fût porté promptement à son secours. Ce dernier était à peine sur le terrain qu’il fut assailli par toutes les forces que l’ennemi avait sur ce point, et sans l’extrême bravoure qu’il a déployée, la division, tournée complètement sur sa gauche, courait les plus grands dangers ».

Sa conduite lui vaut le grade de général de brigade et il quitte donc le 3ème Corps pour rejoindre celui de Mortier en avril 1807. Il passe l’été en France pour se remettre de ses blessures et est fait baron de l’Empire (21 septembre 1808).

Il est envoyé en Italie quelques semaines mais rejoint rapidement l’Espagne (7ème Corps d’armée, division Souham) en décembre 1808. Le 23 avril 1809, Vergez est à nouveau blessé, aux jambes cette fois-ci, à Vich en Catalogne. Il est alors remis en congé, avant de prendre le commandement, le 1er juin, de la 2ème brigade (division Despeaux) au Corps de réserve de Junot en Allemagne. Le 19 septembre, il repart en Espagne pour combattre la guerilla avec le corps aux ordres du maréchal Suchet. Il combat dans les Pyrénées, en Aragon et en Catalogne. Il participe au siège de Lérida en avril-mai 1810 et se distingue en battant les Espagnols à Daroca le 17 juillet. En récompense, il est fait commandant de la Légion d’honneur le 28 août. Il a alors 53 ans.

Après un très bref passage à l’état-major du maréchal Berthier (18 avril 1811), le général baron Vergez est admis à la retraite le 29 novembre 1811.

Cette retraite est de courte durée puisque, la campagne de Russie ayant décimé les cadres de l’Armée, il est remis en activité le 10 avril 1813. Il sert alors en Allemagne sous Delmas dans le corps de Ney, puis sous Ricard dans le corps de Souham, avant de prendre le commandement de la 15ème brigade de gardes nationaux mobilisés à Soissons (30 janvier 1814). Mis en non-activité à la Restauration, il est à nouveau admis à la retraite le 24 décembre 1814. Chevalier de Saint-Louis le 17 janvier 1815, il est brièvement employé à la défense de Paris au mois de juin, avant d’être une troisième et dernière fois admis à la retraite le 1er octobre.

Nommé lieutenant général honoraire par Charles X le 23 mai 1825, le général baron Vergez s’éteint à Paris le 20 juin 1831 à l’âge de 74 ans.

Son nom, bien injustement, ne figure pas sur l’Arc-de triomphe. Il fait partie, avec une quarantaine d’autres des malheureux oubliés. Il n’existe qu’une plaque sur sa maison natale à Saint-Pé de Bigorre, aujourd’hui la mairie, pour rendre hommage à ses 37 ans de service et à ses multiples blessures

Pour en savoir plus :
- Georges Rivolet « L’arc de Triomphe et les oubliés de la gloire », éd. J. Peyronnet & cie, Paris, 1969, p.253
- Anne Queruel « Le Bigourdan oublié », Editions Le Capucin, 2004