COUTARD Louis François (1769-1852)

Louis François Coutard, époux de Hélène d’Avout, cousine du maréchal, se distingua bien davantage par sa carrière au service des Bourbons que par ses faits d’armes dans les campagnes napoléoniennes, qui lui valurent tout de même son grade de général.

Louis François Coutard naît le 19 février 1769 à Ballon, dans le Maine, à l’Hôtel des Murs, établissement dont son père, d’origine modeste, est propriétaire.

D’abord destiné à l’état ecclésiastique, il s’engage à 18 ans, le 13 mars 1787, comme soldat au régiment de Bresse (26e d’infanterie). Ne voulant pas s’embarquer, il achete son congé le 1er septembre 1791 et entre le lendemain dans le 1er bataillon de la Sarthe. Le 13 janvier 1792, il passe dans la Garde constitutionnelle du Roi, mais, le 30 mai suivant, cette garde est licenciée, et Coutard retourne donc dans le bataillon de volontaires auquel il appartenait précédemment.

Il sert sous Rochambeau, Luckner et Dumouriez à l’Armée du Nord et participe à la « bataille » de Valmy. Il est nommé capitaine au siège de Namur le 11 janvier 1793. Coutard se signale encore le 17 août suivant à la prise de la redoute de Jolimay, dans la forêt de Marmale, et reçoit, pendant l’action, un coup de feu à la jambe droite.

Sa participation efficace au siège de Maastricht, à la bataille de Neerwinden, aux opérations sous Valenciennes et sous Le Quesnoy lui valent le grade d’adjudant-général le 14 octobre de cette même. Appelé à l’état-major de l »Armée des Côtes de Brest, il combat avec regret en Vendée. Le 1er bataillon de la Sarthe devenant le premier de la 73e demi-brigade, Coutard en obtient le commandement et rejoint l’armée de Sambre-et-Meuse sous Jourdan. Le 20 fructidor an IV, il se signale au blocus de Mayence. Blessé, il est fait prisonnier mais libéré sur parole.

Il est alors versé, sous les ordres du général Duhesme, au corps de Macdonald qui envahit le royaume de Naples.

Le 14 pluviôse an VII, à l’assaut d’Ortonomare, il pénètre le premier dans les remparts sous le feu meurtrier de l’ennemi, par une embrasure armée de sa pièce de canon chargée à mitraille, et emporte la ville. Il réitère cet assaut trois jours plus tard à Sanciano et s’empare de la ville de Modène le 19 prairial an VII. A la tête de ses grenadiers à la bataille de Trébbia le 30 prairial an VII, Coutard soutient pendant longtemps, avec une poignée d’hommes, les efforts d’un ennemi supérieur en nombre, et reçoit dans cette action une blessure assez grave qui ne l’empêche cependant pas de continuer à combattre. Au siège de Gênes, le 30 avril 1800, il gravit avec 50 hommes la montagne des Deux-Frères, sans tirer un coup de fusil, saute dans les retranchements ennemis et s’en empare. A la suite de sa brillante conduite, Masséna le nomme chef de brigade sur le champ de bataille.

Après Marengo, Coutard est envoyé à l’Armée des Grisons avec sa 73ème demi-brigade. Il reste à Coni jusqu’au 23 mai 1801 et la paix d’Amiens. De 1801 à 1805, il est attaché à l’Armée de Brest. Il est admis à la Légion d’Honneur le 11 décembre 1803 et est promu officier le 14 juin 1804. Il reçoit aussi le commandement du 65ème de ligne stationné au camp de Boulogne. Incorporé au 8ème corps de la Grande armée (Mortier), Coutard ne participe pas à la victoire d’Austerlitz. mais reçoit pour mission, en juin 1806, de former la garde de Louis, nouveau roi de Hollande.

Le 7 mars 1807, le colonel Coutard et son régiment sont affectés au 3ème corps du maréchal Davout (division Morand).

Il rejoint donc le duché de Varsovie où il fait connaissance d’Hélène Davout, cousine du maréchal, qui était venue accompagner la duchesse d’Auerstaedt et ses enfants en visite en Pologne. Le maréchal ayant donné son accord, le mariage de Louis François Coutard et de la belle Hélène est célébré le 28 août 1808 à Varsovie. L’Empereur le fait en outre baron de l’Empire le 21 décembre 1808.

L’Autriche ayant rompu la paix de Presbourg, le 3ème corps est en première ligne pour contenir l’ennemi en attendant le retour d’Espagne de Napoléon. Davout charge le colonel baron de Coutard de rester maître de la ville de Ratisbonne : « Le colonel Coutard tiendra la hauteur de la chapelle, qu’il conservera jusqu’à ce qu’il voie des dispositions d’attaque ; alors il se replierait dans la ville, il lèverait le pont-levis. […] Il est essentiel qu’il tienne toutes les portes de la ville fermées, il ne laissera sortir aucun habitant, ou n’ouvrira les portes qu’après avoir bien reconnu ». Coutard et son 65ème de ligne occupent la ville le 18 avril.1809. Le 20, à court de munitions, il capitule devant le prince Jean de Lichtenstein et est libéré sur parole avec ses officiers. Cet évènement fâcheux déplait à l’Empereur. Davout est également assez amer à l’encontre de son parent : « Vous avez fait dans cette circonstance plus que n’auraient fait la majeure partie des colonels de l’armée, mais pas assez pour ce qu’exigeaient la position où vous étiez et le service de l’Empereur. Ne voyez pas dans ceci un reproche, mais seulement le regret que j’éprouve de ce que quelqu’un qui me tient de si près n’ait pas tiré tout le parti possible de la plus belle occasion d’acquérir une gloire éternelle. Au lieu de se décourager dans la position où vous êtes, il faut redoubler de zèle pour le service de notre souverain … Vous devez regarder comme une circonstance heureuse d’être appelé, avec votre excellent régiment, à concourir à un objet aussi important pour notre souverain que la pacification de l’Espagne ». Effectivement, la victoire d’Eckmühl ayant rendu Ratisbonne aux Français, Coutard est brièvement nommé gouverneur de la place avant de recevoir l’ordre de rejoindre le corps du général Junot en Espagne (1er juin 1809).

Coutard va rester deux ans dans la Péninsule au sein du 8ème corps. Le 3 décembre 1809, il est à Bayonne (division Lagrange) avec son 65ème de ligne, d’où il gagne San-Sébastian puis Valladolid. Il y est placé à l’Armée du Portugal. Les deux années se passent en changements de commandements, en escarmouches, en marches forcées avant lorsqu’une dépêche arrive à Coutard le nommant général de brigade (6 août 1811) et lui intimant l’ordre de rejoindre le prince d’Eckmühl à Hambourg.

D’après Henry de Riancey, l’intention de l’Empereur aurait été de donner à Coutard le grade de général de division et le commandement d’une expédition dans l’île de Java. Toutefois, cette opération ne se réalisa pas. Coutard reste donc général de brigade employé au Corps d’observation de l’Elbe dans l’île de Rügen (18 janvier 1812), avant de recevoir le commandement de la 3ème brigade de la 9ème division (Merle) du 2ème corps d’Oudinot (12 juin 1812) qui va entreprendre la campagne de Russie. Chose étonnante : son épouse va l’accompagner une bonne partie du voyage.

Le 18 août, Coutard participe au combat victorieux de Polotsk. Gouvion Saint-Cyr ayant remplacé Oudinot blessé, la division Merle est chargée de poursuivre les Russes. A cette occasion, Coutard se distingue à Léonpol en repoussant le prince de Wittgenstein. Alors que l’Empereur poursuit sa route vers Borodino et Moscou, le 3ème corps est chargé de garder la position de Polotsk et le cours de la Dwina. Avec l’arrivée de l’hiver, les armées russes attaquent toutes les positions françaises. Poltosk est attaquée par Wittgenstein le 18 octobre. Malgré une large infériorité numérique, les Français résistent farouchement avant de céder la place. Coutard est maintenant, avec la division Bavaroise (comte de Wrede), à l’arrière-garde du 6ème corps que commande Gouvion Saint-Cyr. La retraite commence avec le harcèlement continuel des Cosaques et le froid qui devient insupportable.

Le 9 décembre, le général baron de Coutard est blessé d’un coup de lance devant Wilna. Arrivé à Thorn, il prend enfin un peu de repos. C’est là que le maréchal Davout le retrouve « un peu indisposé ». Le 29 janvier 1813, il est mis en disponibilité. Il a toutefois la satisfaction de retrouver son épouse et d’être fait chevalier de l’ordre militaire de Maximilien-Joseph de Bavière (24 mars 1813). Le 26 mars, il est autorisé à Rentrer en France.

A peine remis de ses blessures et de ses fatigues, il est chargé du commandement du département de la Gironde (9 août), puis des Basses-Pyrénées (6 octobre). Installé à Pau, il organise la protection du territoire et essaie d’appliquer la levée en masse ordonnée par décret du 6 janvier 1814. Devant l’arrivée des troupes espagnoles, portugaises et anglaises, Coutard reçoit l’ordre, le 3 mars, d’évacuer Pau. Il est alors nommé commandant de la place de Rochefort (16 mai). C’est là qu’il apprend l’abdication de l’Empereur et proclame aussitôt à la population «  l’heureuse révolution qui doit nous rendre la race antique de nos rois ! ». Cette attitude lui vaut de recevoir très vite la Croix de chevalier de Saint-Louis. Ce n’est que le début des honneurs puisque le Roi le promeut aussi généreusement commandeur de la Légion d’Honneur le 23 août puis lieutenant-général des Armées le 25 novembre.

Lorsqu’arrive la nouvelle du retour de Napoléon, Coutard est à Paris. Il offre aussitôt ses services au duc d’Angoulême et au duc de Berry mais toute la famille royale quitte la France. Pendant les Cent-Jours, le maréchal Davout, ministre de la guerre, incite son parent à accepter un commandement mais Coutard tergiverse avant d’accepter, le 12 juin, le commandement des gardes nationales de Lille. Waterloo survient une semaine après et l’abdication de Napoléon suit de peu. Louis XVIII est de retour.

Nommé commandant de la 6ème division militaire à Besançon (7 septembre 1815), le général Coutard bénéficie de nouveaux honneurs royaux : il est fait comte le 24 janvier 1816.

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Le général comte de Coutard

En juillet 1816, le général comte de Coutard fait partie du conseil de guerre chargé de juger le général Mouton-Duvernet. Le 23 octobre 1817, le roi lui donne le commandement de la 13e division militaire à Rennes. Son zèle à étouffer les manifestations anti-royalistes de Rennes et de Brest lui vaut d’être créé Grand officier de la Légion d’honneur. D’autres mouvements insurrectionnels sont rapidement réprimés en mars et à la fin de l’année 1821 à Brest. En récompense, Coutard est appelé à Paris au commandement de la 1ère division militaire (janvier 1822), fait Grand-Croix de l’ordre de Saint-Louis (25 août 1823) puis gentilhomme de la chambre du Roi.

En 1827, le général comte de Coutard est élu député de la Sarthe. Le 4 novembre 1829, Charles X lui remet la plaque de Grand-Croix de la Légion d’honneur alors que la révolution de 1830 gronde déjà. Jusqu’au bout, Coutard reste fidèle aux Bourbons mais les journées de juillet mettent fin à sa carrière. Il est d’abord démis de ses fonctions à la tête de la 1ère division militaire (4 août 1830) avant de choisir lui-même de démissionner de son mandat de député (14 août 1830.

Il se retire alors dans son château de Vaucresson, acheté en 1827, ou dans son village natal de Ballon. Le 27 juillet 1835, il a la douleur de perdre sa femme Hélène née d’Avout. Lui-même s’éteint le 19 mars 1852, à l’âge respectable de 83 ans. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.

Pour en savoir plus : « Le général comte de Coutard » par Henry de Riancey, Paris, Dentu, 1857