SAUNIER Louis François (1761-1841)

Ce gendarme a été de toutes les campagnes du 3ème Corps. Il est vrai que Davout, qui l’estimait beaucoup, ne voulait pas s’en séparer. Malgré plusieurs blessures et une abominable retraite de Russie, le général Saunier ne mourût qu’à l’âge avancé de 80 ans.

Né à Rennes le 11 février 1761, Louis François Saunier est un grand gaillard de 5 pieds et 8 pouces, soit 1,84m.

Issu d’une famille modeste. Saunier commence sa vie militaire à l’âge de treize ans. En bon breton, il s’engage d’abord dans la Marine où il reste quatre ans avant d’intégrer le Régiment de la Raine en mars 1778. Il devient brigadier (1783), maréchal des logis (1784) avant d’entrer dans la maréchaussée le 24 février 1789. Saunier sert en Vendée de 1792 à 1793 et obtient le grade de lieutenant le 29 septembre 1794 puis de capitaine le 2 janvier 1801.

En 1803-1804, il sert d’abord dans les Forces publiques de l’Océan (gendarmerie du Camp de Boulogne) avant d’être affecté, en 1805, à la Gendarmerie du 3e Corps en 1805 comme capitaine. C’est donc auprès du maréchal Davout qu’il sert à Austerlitz « A la bataille d’Austerlitz où il servit près de moi, il fut renversé de son cheval, atteint d’un coup de feu » témoignera [1] le maréchal Davout en demandant pour lui le grade de chef d’escadron. Saunier commande à ce moment là « la force publique à ce corps d’armée. »

Il fait la Campagne de Prusse et de Pologne aux côtés de Davout avec le grade de chef d’escadron. Il a encore deux chevaux tués sous lui, un à Auerstaedt et un autre aux environs de Varsovie. Il est blessé à la cuisse gauche à Eylau. Il est chargé du maintien de l’ordre en Pologne, comme commandant de la Gendarmerie du 3e Corps. A ce titre le maréchal lui remet la décoration de Chevalier de l’Ordre de Saint-Henry de Saxe par un courrier du 8 mars 1808.

Le 25 mai de la même année, le Ministre de la Guerre veut nommer Saunier, nommé colonel le 29 avril 1808, commandant de la Légion de Gendarmerie de Toscane, et cela sans consulter le Maréchal. Ce dernier informé par Saunier, suspend l’ordre et écrit sur le champs à Berthier. Il demande que Saunier qui « est parvenu à nous débarrasser de ces hordes de voleurs… », qui « a assisté à toutes les batailles et affaires de ce corps d’armée… » reste « au 3e corps avec le grade de colonel » [2]. Napoléon saisi par Davout tranche en faveur de ce dernier : « On ne doit retirer personne à la Grande Armée sans mon ordre spécial ».

Lorsque le colonel Saunier arrive à Vienne, en 1809, le maréchal l’assure de son soutien et clos sa missive par la formule « Je vous salue affectueusement » qui témoigne de l’estime quil porte à "son" gendarme. D’ailleurs, Saunier est fait baron de l’Empire le 15 août 1809.

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Des gendarmes à Hambourg (source : uniformgend.ifrance)

En octobre 1810, Saunier suit Davout à l’Armée d’Allemagne puis à l’Armée d’observation de l’Elbe puis au 1er Corps. Il est couvert d’honneurs : à sa décoration saxonne s’ajoutent l’ordre militaire polonais et la Légion d’honneur. Il est aussi nommé général de brigade de la gendarmerie le 23 novembre 1811. A Hambourg, il semble s’attirer le respect des habitants : « un général que toute la ville aimait et estimait » rapporte Joseph Castel, un négociant victime d’une escroquerie.

Mais Saunier reçoit bientôt pour mission d’organiser la gendarmerie du 1er Corps en qualité de « général Grand Prévôt du 1er corps ». Avec 50 gendarmes et un bataillon, il est chargé de prendre le village de Kowno lors du franchissement du Niemen, le 24 juin 1812.

Il participe aux côtés du maréchal à la campagne de Russie dont il rentre si affecté que Davout doit lui accordé un congé de 6 mois en France. Il souffre entre autres choses de dissenteries chroniques, d’une fatigue extraordinaire, de fièvre ataraxique des plus intenses et de maladie de la vessie. L’homme est à bout [3].

Le général Saunier se remettra de ses tourments. En 1813 et 1814, il reçoit diverses missions de gendarmerie (poursuite des insoumis et des réfractaires). Le 18 juillet 1814, le Roi le confirme comme maréchal de camp, inspecteur général de la gendarmerie, et lui octoie le titre de chevalier de l’Ordre royal de Saint-Louis. A la seconde Restauration, le général Saunier préside diverses commissions avant d’être admis à la retraite le 22 juillet 1819. Il est nommé lieutenant général honoraire le 19 juillet 1820. Il s’éteint dans sa bonne ville de Rennes le 4 septembre 1841, à l’âge fort respectable de 80 ans !

Le général est enterré dans le cimetière Nord de sa ville natale (Section 1, rang 13 tombe 3).

Jean Favre

Pour en savoir plus :
Pépin (Jacques). « Le général Saunier (1761-1841), baron d’Empire, inspecteur général de la gendarmerie », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1982, n° 84, p. 145-148.

[1] Lettre du maréchal DAVOUT au maréchal BERTHIER, le 21 septembre 1806

[2] Lettre du maréchal DAVOUT au maréchal BERTHIER, le 25 mai 1808

[3] Lettre du maréchal DAVOUT au général SAUNIER, Grand Prévôt du 1er Corps, le 3 février 1813 certificat médical afférent.