1795


Au citoyen Ambert*, Général de Division à Villiers-la-Tour

Au quartier général à Strassen, ce 10 pluviose**

Le général en chef, il y a trois ou quatre jours, m’a dit mon cher ami que tu n’étais pas très bien portant. Je crois que c’est faute d’exercice. L’air de Strassen est excellent au dire de la médecine ainsi l’amitié et la médecine sont du même avis pour cette fois et t’invite à faire ce voyage. Le tems (sic) permet de monter à cheval sans que l’on puisse craindre de se casser le col. J’aurais été moi-même te faire cette invitation sans l’absence de Lebrecq*** l’adjoint ce qui me contraint à ne point m’écarter craint d’evennement (sic). Tu pourrais venir avec bizot ( ?) qui arrêterait définitivement sur le terrain l’emplacement des batteries pour les bombardements car je présume que dans peu l’on pourra commencer les travaux . Si Say l’a vu à Thionville, il lui aura parlé sans doute du désir que j’aurais de voir un de mes amis qui est capitaine de génie employé au Luxembourg. Il est dans ce moment à Vehelestadt (dpt du bas-Rhin) son nom est Levasseur****. Si la chose dépendait de Bizot je le prie de me rendre ce service. Alors Levasseur prendrait la place de Say que j’ai bien regretté à cause de ses qualités personnelles. Mon domestique qui a été à Villiers la tour pour ses affaires et qui te remettra cette lettre est chargé aussi de te demander si le chapeau que je t’ai envoyé est bordé. S’il l’était tu pourrais le lui remettre et lorsque je te verrai en te faisant mes remerciements de ta complaisance je te rembourserai. Ne m’oublie pas auprès du général en chef et des autres camarades. Particulièrement de Bizot. Crois moi pour la vie ton sincère ami et camarade. L. Davout

* : Le Général Jean-Jacques Ambert (1765-1851) succédera au Général Moreaux à la tête de l’armée de la Moselle du 11 février 1795 jusqu’à la réunion de cette armée avec l’armée du Rhin. ** : Il n’y a pas d’année sur cette lettre, mais il s’agit probablement de l’an III (29 janvier 1795) ; *** : Ce nom a été transcrit "Le Bricq" par Hourtoulle dans une autre lettre de Davout **** : Levasseur est un ami de Davout, dont il parte dans d’autres lettres. Il sera montagnard et régicide au Comité de Sûreté générale après Thermidor.

Au Général AMBERT commandant l’armée pour Luxembourg à son quartier général à SPIRE ( ?)

à Hranin ( ?), le 12 Ventose (2 février 1795)

Je t’envoie, mon cher ami, un mot d’écrit pour ce petit dragon du 16ème régiment qui est guide actuellement. Je vais aller reconnaître les chemins et les environs de ce moulin* en question, je t’attends dans deux ou trois jours époque à laquelle le directeur sera probablement arrivé. N’oublie , je t’en prie les 4 à 500 bouteilles de vin. Bien des amitiés à Alix et à tous les camarades et crois moi pour la vie ton sincère ami et camarade. L.N. Davout

P.S. Fais venir la lettre ci-jointe Maupestier ( ?) qui est le dragon du 16 ème régiment, je t’invite à venir pour que je lui remette 100 bouteilles que Bourbotte** vient de m’envoyer pour lui. Bourbotte dans sa lettre du 4 ventose me parle de la mort du brave Moreaux*** et le regrette aussi vivement que nous tous.

* : Davout, qui sert dans la division du Général Ambert au sein de l’Armée de la Moselle, réussira, par une action de commando menée le 4 mars 1795, à prendre le moulin d’Esch à Luxembourg dont il est question ici. ** : Bourbotte, conventionnel, est un des amis révolutionnaires de Davout, il sera guillotiné au mois de juin 1795. *** : Le Général Jean-René Moreaux (1758-1795) était le commandant de l’Armée de la Moselle. Mort de la fièvre le 10 février 1795, il a été remplacé par le Général Ambert.