Hambourg le 3 janvier 1812
Je vous prie Monsieur le Général de vouloir bien dire à M. Faure, Directeur de la poste westphalienne de Magdebourg, que j’ai reçu les dernières pièces qu’il m’a adressées comprises sous les n° de 33 à 40. Je vous prie aussi de lui remettre la pièce cy jointe, et de lui dire d’avoir soin à l’avenir d’observer de faire copier les lettres chiffrées conformément au modèle cy joint. C’est à dire qu’il y ait le même espace entre les chiffres et les lignes. Recommandez lui aussi de veiller à ce que, en copiant, on ait soin de ne point oublier de mettre les points et les barres qui peuvent se trouver à côté, dessus ou dessous les chiffres, et priez-le de toujours faire copier les lettres chiffrées sur des feuilles séparées, même celles qui seraient en chiffres et en lettres. J’ai l’honneur de vous saluer avec une parfaite considération
Le maréchal Duc d’Auerstadt Prince d’Eckmuhl
Hambourg le 22 janvier 1812
J’ai reçu, mon cher Général, votre lettre du 19 janvier, où vous me faites connaître que vous avez remis à M. Faure une nouvelle somme de deux cent cinquante francs. Dites moi si je vous dois cette somme. Je vous invite à observer à M. Faure, mais de manière à ce que cela n’ait pas l’air de venir de moi, que cette dépense est un peu considérable pour le peu de fruit qu’on en retire et qu’il serait convenable qu’elle fut réduite de manière à ce que ces 250 francs servit pour deux mois. Demandez à M. Faure si le Comte de Hardenberg, qui a écrit à son frère, juge du Tribunal, est le Ministre. J’ai l’honneur de vous saluer avec ma considération distinguée
Le maréchal Duc d’Auerstadt Prince d’Eckmuhl
* : Il s’agit du Général Claude, Ignace, François Michaud (1751-1835), baron de l’Empire, Gouverneur de Magdebourg depuis Janvier 1808.
Hambourg le 18 février 1812
J’ai reçu, Monsieur le général, votre lettre du 13 février et une du Sieur Faure. Vous deviez bien supposer que la mesure que j’ordonnais pour intercepter toutes les lettres destinées pour la Suède ou venant de la Suède*, ne l’étaient par (...) ordres supérieurs ; je ne puis donc que vous témoigner mon mécontentement sur la non exécution de mes ordres. Faites venir le Sieur Faure chez vous, et prescrivez lui impérativement de les mettre à exécution ; dites lui d’y employer le plus d’adresse possible pour éviter que cela soit connu, et que sous aucun prétexte, il n’en rende compte à son gouvernement. Il n’a pas à craindre d’être changé parce que, dans le cas où on voudrait le changer, je vous ordonne de renvoyer son remplaçant. N’oubliez donc pas, Monsieur le général, que Magdebourg est en état de siège et que toutes les autorités dépendent exclusivement du gouverneur et n’ont d’ordres à recevoir que de lui. Je ne m’apperçois (sic) pas du tout que les autorités soient sous votre dépendance. Je suis sûr que vous laissez arriver à Magdebourg tous les voyageurs avec aussi peu de surveillance de votre part qu’auparavant. Tout voyageur venant de la rive droite doit être amené à votre commandant, qui doit visiter ses papiers et le questionner sur les motifs de son voyage. Ceux qui n’auraient pas de motifs plausibles doivent être arrêtés s’il y a lieu ou renvoyés. J’aime à croire que vous aurez exécuté à la lettre l’ordre que je vous ai donné de faire arrêter le Sieur Moser et visiter ses papiers. Celui que j’ai désigné pour le remplacer est un homme sur lequel on peut compter. Je vous répète qu’il ne faut pas que le Gouvernement westphalien ait connaissance des ordres donnés au Sieur Faure ; qu’il fasse en sorte qu’on s’en appercoive (sic) le plus tard possible, et lorsqu’on s’en appercevra (sic), qu’il soit tranquille, il n’a rien à craindre. J’ai donné l’ordre qu’on vous rembourse les 300 et tant de francs que vous avez avancés. Recevez l’assurance de ma considération distinguée.
Le Maréchal Duc d’Auerstadt Prince d’Eckmuhl
* : Le 20 Janvier 1812, la division Friant, du 1er Corps, a annexé la Poméranie suédoise.
Hambourg 2 Mars 1812
Général Michaud Il faut, mon cher Général, à moins que le général Gudin ne vous ait prévenu que la marche ait éprouvé des difficultés ce qui n’est pas vraisemblable, il faut, dis-je, former un détachement de tous les hommes de toute arme qui doivent rejoindre appartenant à la brigade Piré, à la division Gudin, à la division St-Germain aux places de l’Oder et à Dantzig. Chargez un officier du commandement ; qu’ils prennent pour 2 jours de vivres, les troupes à cheval pour 2 jours de fourrage, et que tous prennent la route Mre pour rejoindre les Corps auxquels ils appartiennent. Vous donnerez une instruction à l’officier pour que les troupes observent la plus forte discipline. Vous prescrirez de recevoir les plaintes et réunir les preuves par délits, afin qu’on puisse en faire justice aussitôt son arrivée à Stettin. Vous donnerez avis au Général Gudin du départ de ce détachement en lui faisant connaître que je lui recommande de nouveau de faire observer la plus forte discipline, et de faire juger prévotalement tout délit envers les habitants, ainsi que tout délit envers la troupe. Il est vraisemblable que sous un couple de jours je vous enverrai l’ordre de révoquer les mesures prises pour empêcher la communication d’une rive à l’autre. La marche de la division Daudaels n’est pas dirigée vers Magdebourg. Je suppose qu’ils auront reçu le contr’ordre à temps. Vous êtes probablement informé que le Duc de Reggio va prendre son quartier général à Magdebourg, et que son Corps d’armée a reçu cette direction. Il est vraisemblable, par une lettre que j’ai reçue, que ma femme est en route pour venir me rejoindre. J’ai écrit à Francfort pour qu’elle se dirige vers Magdebourg. Je vous enverrai sous deux ou trois jours une lettre pour elle ; si elle arrivait avant cette lettre, il faudrait qu’elle restât à Magdebourg. Je vous recommande, mon cher Général, de ne parler à qui que ce soit de l’arrivée probable de ma femme. Amitiés.
Le maréchal Duc d’Auerstadt Prince d’Eckmuhl
Hambourg, le 3 mars 1812
Au Gal Michaud
Je vous ai mandé, mon cher Général, que je pensais par les lettres que j’avais reçues de ma femme qu’elle allait se mettre en route pour me rejoindre ; une lettre que je reçois d’elle à l’instant, m’annonce qu’elle part le 29 février ; comme elle voyage très rapidement, je ne doute pas que sous 48 heures elle n’arrive à Magdebourg. Je vous adresse en conséquence une lettre pour elle, que je vous prie de lui remettre à son arrivée, et que je vous retournerai si elle n’arrivait pas. Je pars demain matin pour Gustrow où j’espère recevoir des nouvelles de Berlin qui me mettront à même de faire connaître à ma femme la route qu’elle devra prendre, qui sera probablement celle de Magdebourg à Stettin. J’espère aussi que ces nouvelles me mettront à même de vous donner l’ordre de rétablir les communications avec la Prusse comme par le passé. J’écris à M. Devi.... de continuer à nous envoyer les dépêches pour moi. Vous me les feriez passer en vous servant toujours de l’estafette de Magdebourg à Hambourg, qui à compter d’aujourd’hui, ne partira plus que tous les deux jours. Amitiés
Le Mal Prince d’Eckmuhl
Tiblitz, le 5 mars 1812
Il faut, Mon Cher Général, rétablir les communications comme elles étaient auparavant, c’est à dire les courriers et les voyageurs munis de passeports sur l’une et l’autre rive ; vous pourrez faire rendre les bateaux que vous avez fait prendre. Mais les voyageurs qui n’auront pas un but bien déterminé pour leurs voyages, et pour le compte desquels votre Commissaire Général de Police aurait de mauvais renseignements, vous ne les laisserez pas passer. Vous recommanderez à M. Faure de bien examiner toutes les lettres, il arrêtera toutes celles qui annonceraient des mouvements de troupes, il ne leur donnera aucun court, et il en donnera connaissance de leur contenu. Cette mesure ne s’étend pas aux dépêches diplomatiques. Les militaires, officiers ou employés destinés pour Dantzig et le haut de l’Oder pourront se diriger par Stettin comme par le passé en observant les mêmes formalités avec les autorités prussiennes. Lorsque des détachements devront rejoindre, il ne sera plus nécessaire de prévenir 3 jours d’avance ; on préviendra seulement la veille ; il faut que les feuilles de route soient bien en règle et qu’on voyage avec la plus forte discipline comme dans un pays ami. J’enverrai demain un officier au Général Gudin, mais en attendant, écrivez lui de ma part pour lui recommander la plus forte discipline, et faire sur le champ justice des excès. Cette discipline doit être, je le répète, observée partout et surtout en pays ami. Je suppose que ma femme sera arrivée à Magdebourg quand vous recevrez cette lettre ; je vous invite à la diriger par la route militaire, et à la lui faire connaître*. Si le Duc de Reggio est à Magdebourg, dites lui que je lui écrirai à mon arrivée à Stettin, dites lui de ma part que nous voyageront comme amis. Vous ferez connaître au Duc de Reggio les cantonnements de la Division Doumerc, attendu que je suis prévenu que cette Division est sous ses ordres. Il sera bon que les détachements prennent toujours pour 4 jours de pain en partant de Magdebourg. Je ne puis trop vous recommander, Mon Cher Général, nos malades ; faites établir dans chaque hôpital, une chambre de convalescence, afin qu’un homme que la fièvre vient de quitter puisse y rester pendant une douzaine de jours avec un bon traitement. Je répète qu’il faut leur faire donner des moyens de transport, avec des feuilles de route bien en règle, que le nom de celui qui commande y soit indiqué. J’ai chargé le Directeur de Hambourg de supprimer l’estafette de Magdebourg à hambourg. La correspondance se fera par les postes du pays, prévenez en le Général Boursier afin qu’il envoie ses dépêches par les postes civiles, il pourra retirer les postes qu’il a entre Brunswick et Hanovre. J’ai l’honneur de vous saluer avec ma considération distinguée.
Le Maréchal Duc d’Auerstadt Prince d’Eckmuhl
* : Arrivant à Magdebourg, la Maréchale se dirigea à l’hôtel où elle ignorait qu’Oudinot, le duc de Reggio, avait remplacé son mari. Il s’en suivit un amusant quiproquo. Elle retrouvera le prince d’Eckmühl à Stettin et restera avec lui jusqu’au 8 avril.
Stettin le 28 mars 1812
Je vous prie, mon cher Général, de dire à M. Faure que j’ai reçu les dernières pièces qu’il m’a adressées sous les n° 95, 96 et 97. Invitez le de ma part à adresser directement à l’avenir ces pièces à M. Gonze, Directeur de la poste de Hambourg. Il sait l’usage qu’il en doit faire. Je lui ai écrit en conséquence. M. Faure les enverra purement et simplement par la poste, sans lettre d’envoi, sans contreseing, enfin sans aucun indice qui puisse faire connaître d’où part la pièce, dans le cas où elle serait décachetée dans quelque bureau de poste étranger. Il aura seulement attention de bien cacheter ses dépêches, afin qu’on ne puisse pas les ouvrir sans qu’on s’en appercoive (sic). Cette recommandation n’a lieu que pour les lettres chiffrées. Tout ce qui ne sera pas chiffré, il pourra continuer à vous les remettre et vous me les ferez passer. Amitiés.
Le Mal Duc d’Auerstadt Prince d’Eckmuhl
Elbing le 11 Mai 1812
Mon cher Général, j’ai reçu les différentes notes de M. Faure que vous m’avez envoyées. Il y en a qui peuvent être très utiles au Duc de Bellune qui est chargé du commandement entre l’Elbe et la Vistule et d’y maintenir l’ordre et la tranquillité. Ce qu’il est surtout essentiel de lui faire connaître, ce sont tous les mal intentionnés. Il serait surtout bon de lui signaler l’individu qui a l’intention ou projet de lever contre nous un corps de volontaires. Ces renseignements mettront Son Excellence à même de prendre des mesures contre les perturbateurs et de les poursuivre. Il est inutile, en lui communiquant ces renseignements, de lui en faire connaître la source, parce qu’une lettre pourrait s’égarer ou se perdre dans quelque bureau de poste, il suffira de les noter comme rapports. Ce n’est qu’un simple avis que je vous donne là, mon cher Général, n’ayant plus à me mêler de Magdebourg. Je vous prie seulement de m’informer des détachements qui partiraient de Magdebourg pour le 1er Corps. Amitié.
Le Mal Duc d’Auerstadt Prince d’Eckmuhlb