Paris le 13 mars 1817
Sire Il n’y a plus que deux maréchaux qui n’aient pas encore reçu de votre majesté le bâton royal. Votre majesté a solennellement proclamé l’intention d’effacer les tristes souvenirs du passé, et de rallier, autour du trône, ceux qui, sur tant de champs de batailles, ont concouru à la gloire militaire de la France. C’est parce que mon nom a quelque fois aussi été mêlé par l’estime de mes compagnons d’armes, à cette noble association de gloire, que j’ose exprimer à votre majesté le désir de partager un honneur qu’elle a accordé aux autres maréchaux. Je me garderai d’entrer dans l’apologie des circonstances qu’à l’exemple du plus grand, du plus national de vos aïeux, votre majesté a couvertes d’un voile que personne n’a plus le droit de soulever. Qu’il me soit seulement permis de dire qu’en 1814, je ne fus appelé à aucune grâce, à aucun serment ; le premier que j’ai prêté à votre majesté date de l’époque récente où elle a bien voulu me faire adresser dans la nouvelle forme mon brevet de grand cordon de la légion d’honneur, en y consignant le rang militaire et les titres garantis par la charte. Rappelé depuis peu de l’exil, je sollicite, sire, la faveur d’être ( selon l’usage établi pour messieurs les maréchaux de France ) admis à répéter mon serment devant votre majesté, et à recevoir le bâton royal de vos mains. Mon caractère connu et mon zèle même à remplir des engagements qui ont cessé pour jamais sont les plus sûrs garants que je puisse offrir à votre majesté de mon inviolable fidélité, dès que ma parole a été donnée, et que l’honneur en répond. Je suis, sire, avec le plus profond respect, De votre majesté Le très humble et très obéissant serviteur et sujet
Le maréchal de France Duc d’Auerstaedt prince d’Eckmühl
* : Il s’agit manifestement du brouillon d’une lettre que Davout a préparée pour le roi. Il obtiendra gain de cause puisque qu’il prêtera serment au roi le 27 août 1817 et son traitement lui sera aussitôt restitué ainsi que son bâton fleurdelisé.