ROMEUF Louis (1766-1812)

Louis Romeuf sert sous Davout au camp de Bruges en 1803 avant de devenir son chef d’état-major de 1809 à 1812. Baron de l’Empire, il est tué à la Moskowa.

Jean Louis Romeuf est né en Haute-Loire, à La Voulte-Chilhac, le 26 septembre 1766. A 23 ans seulement, il est aide de camp de la garde nationale parisienne dirigée par La Fayette. Il participe à la poursuite du roi qu’il intercepte à Varennes le 21 juin 1791 et ramène à Paris. Capitaine au 12ème dragons le 15 septembre 1791, il déserte mais est fait prisonnier par les Autrichiens le 19 août 1792. Enfermé au château d’Olmütz, il est libéré après les préliminaires de Leoben en avril 1797.

Employé à l’état-major de l’armée d’Orient, il est bloqué à Malte et rentre donc en France le 15 septembre 1799. Nommé chef d’escadron et attaché au 11ème hussards, il est affecté à l’état-major du général Mathieu Dumas à l’armée des Grisons, puis à celui de Davout au camp de Bruges le 27 août 1803. Il sert comme sous-chef d’état-major du maréchal. Il participe donc bien évidemment à la bataille d’Auerstaedt (14 octobre 1806). C’est même lui qui a l’honneur d’entrer le premier à Berlin, le 24 octobre à midi, pour préparer l’entrée du 3ème Corps le lendemain dans la ville. Il est fait commandant de la Légion d’honneur en 1807 et chevalier de l’ordre de Saint-Henri de Saxe l’année suivante.

Le 14 avril 1809, il est à nouveau affecté à l’état-major du maréchal Davout au sein du 3ème corps et est fait peu après baron de l’Empire. C’est à cette époque qu’il côtoie le général polonais Szymanowski. Ce dernier ne tarit pas d’éloges sur Romeuf : « Le second aide de camp était le colonel Louis Romeuf, un des plus aimables Français que j’ai eu l’occasion de rencontrer, soldat et homme du monde en même temps ». Romeuf est nommé général de brigade le 16 janvier 1811 et sous-chef puis chef d’état-major du corps d’observation de l’Elbe. Davout en est très satisfait. Dans une lettre à sa femme du 29 janvier 1812, il écrit : « Je considère comme de mon devoir, pour le bien du service, de demander qu’on me laisse le général Romoeuf, qui réunit toutes les qualités nécessaires et qui a une facilité et une netteté de travail qui m’a même étonnée ». Beau compliment ! Romeuf conserve donc sa fonction au sein du 1er corps, toujours aux ordres de Davout, qui traverse le Niemen pour entamer la campagne de Russie.

Mais, le 7 septembre 1812, il est mortellement blessé lors de la bataille de la Moskowa. Le lendemain, le prince d’Eckmühl écrit à son épouse : « Mon chef d’état-major Romeuf n’a pas été aussi heureux. Il a une très forte contusion qui donne des craintes sur sa vie ». C’est un doux euphémisme : Dominique Larrey, chirurgien de la Grande armée, évoque la blessure de Romeuf dont un boulet a enfoncé le bassin, les viscères addominaux et les vertèbres lombaires.

Effectivement, Romeuf s’éteint deux jours plus tard. Le maréchal Davout s’adresse aussitôt à l’Empereur : « Sire, au moment de solliciter les grâces de Votre Majesté pour les blessés du corps d’armée dont elle m’a confié le commandement, je crois de mon devoir d’honorer la mémoire du général Romeuf, dont je ne puis assez louer les heureuses qualités et le dévouement pour Votre Majesté ; il est mort des suites de sa blessure. Il avait reçu de la munificence de Votre Majesté le titre de baron, avec une dotation en biens-fonds. Il était célibataire, et il avait le projet d’adopter le fils de l’aîné de ses frères, pour pouvoir lui transmettre après lui son titre et son majorat. Ce neveu est fils du sieur Romeuf, conseiller de préfecture du département de la Haute-Loire, un des magistrats les plus vertueux de l’Empire. Je prie Votre Majesté d’accorder la transmission du titre de baron et de la dotation de feu le général Romeuf à ce jeune homme » (Moscou, le 17 septembre 1812).

Le nom du général Romeuf est inscrit au côté Est de l’Arc de Triomphe.

POUR EN SAVOIR PLUS :

Comte Claude d’ANTHOÜARD « Le général Louis de Romeuf » - Almanach de Brioude et de son arrondissement - Société de L’Almanach de Brioude, 1985