BARBANEGRE Joseph (1772-1830)

Avant de s’illustrer lors du siège de Huningue en 1815, Joseph Barbanègre a effectué presque toutes les campagnes de l’Empire dans le corps d’armée du maréchal Davout, au sein de la division Friant.

Joseph Barbanègre est né à Pontacq, dans les Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques) le 22 août 1772.

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La statue de Barbanègre à Pontacq

D’abord marin, il s’engage au 5ème bataillon des volontaires des Basses-Pyrénées en 1794. Blessé, il est réformé puis remis en activité au sein du 1er bataillon auxiliaire de la Gironde. Affecté avec la grade de capitaine à l’armée du Rhin au début de l’année 1800, il passe dans l’infanterie de la garde consulaire puis aux chasseurs à pied de la garde.

Intégré à la division Friant du 3ème Corps, il est nommé colonel du 48ème de ligne le 9 août 1805. Il participe à la bataille d’Austerlitz, au cours de laquelle son régiment défend le château de Sokolnitz face au général Langeron. Dans son ouvrage sur Austerlitz (Paris, Fayard, 2005), Jacques Garnier cite une relation anonyme écrite par un témoin des évènements : « On comprendra aisément qu’en débouchant sur le terrain après une aussi pénible marche, le général Friant n’avait à sa suite que des têtes de colonnes composées, bien entendu, des meilleurs marcheurs ; et l’on remarquera qu’avec d’aussi faibles moyens, et sans attendre le gros de sa division, il attaqua l’ennemi qui, toutefois et d’abord, le contraignit à reculer jusqu’à ce qu’enfin, sa division étant réunie, il portât les plus rudes coups à ses adversaires, particulièrement dans le village de Sokolnitz où le 48ème régiment d’infanterie de ligne fit des prodiges : un de ses bataillons s’était embusqué dans les granges et les étables de ce village d’où il foudroya les Russes à bout portant lors de leur dernière tentative pour reprendre ce point tant disputé de part et d’autre ». Le général Friant rend un hommage mérité à Barbanègre : « Le colonel Barbanègre, bien digne de commander au 48e, un de ceux qui ont le plus longtemps combattu à Sokolnitz, qui a fait mettre bas les armes à plus d’ennemis et, par conséquent, fait le plus de prisonniers ». Sa conduite vaut à Barbanègre d’être fait Commandeur de la Légion d’honneur (25 décembre 1805).

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Bien évidemment, le colonel Barbanègre participe ensuite à la bataille d’Auerstaedt (brigade Kister), au combat de Nasielsk (24 décembre 1806) où il se conduit d’une « manière bien distinguée » (rapport de Friant) puis à la terrible bataille d’Eylau (brigade Grandeau) avec la division Friant. Nommé général de brigade le 21 mars 1809, il est affecté à la division Morand ; pour peu de temps, puisqu’on le retrouve encore sous Friant, à la tête du 48ème et du 11ème de ligne, à la bataille d’Eckmühl (au cours de laquelle il repousse les assauts de Rosenberg), à Ratisbonne et à Wagram. Le général Barbanègre est créé baron de l’Empire le 20 août 1809.

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Armes du général baron Barbanègre

Intégré au 1er corps de la Grande Armée (Davout) qui traverse le Niemen, il reçoit le commandement de la place de Smolensk (2 septembre 1812). Le général Barbanègre s’illustre particulièrement au combat de Krasnoë au cours duquel il est blessé deux fois. En janvier 1813, il reçoit le commandement de la place de Stettin mais est fait prisonnier lors de la chute de la place le 5 décembre 1813. Il ne rentre de captivité que le 13 juillet 1814. Il est fait chevalier de Saint-Louis et mis en non-activité peu après.

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Le général baron Barbanègre

Adjoint à l’Inspecteur général d’infanterie pour les Cent-Jours, il reçoit le commandement de la ville d’Orléans le 25 mars 1815 puis de la place d’Huningue le 3 mai. C’est là qu’il se couvre de gloire du 28 juillet au 26 août 1815, en résistant, avec seulement 295 hommes, à l’armée de l’archiduc Jean (30.000 hommes). Refusant d’abord de reconnaître l’armistice, il ne capitule, avec les honneurs de la guerre, qu’à la condition que la garnison puisse rejoindre l’armée de la Loire. Un tableau de Detaille illustre ce fait d’armes : les assiégés français sortant fièrement sous les regards stupéfaits des Autrichiens. On peut penser que les exemples heureux de Davout à Hambourg, et de lui-même, plus malheureux, à Stettin ont dicté la conduite valeureuse de Barbanègre à Huningue.

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La reddition de Huningue - Peinture d’Edouard Detaille

A nouveau mis en non-activité le 1er août 1815, il est nommé Inspecteur d’infanterie dans le cadre de l’état-major général en 1818.

Le général baron Joseph Barbanègre meurt à Paris le 7 novembre 1830. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise. A LIRE :

- La défense d’Huningue en 1815 et le général Barbanègre, par Abb. Casteig, Paris, 1897.