07. Compte-rendu de Davout

Voici la lettre que Davout, du bivouac d’Eckartsberg, fit porter à L’Empereur le soir du 14 octobre 1806 (Correspondance du maréchal Davout - Ch. de Mazade).

Sire, j’ai l’honneur de rendre compte à Votre Majesté qu’en débouchant de Kösen, j’ai trouvé à un quart de lieue l’ennemi qui était en marche pour s’emparer lui-même de ce débouché. La bataille s’est engagée tout de suite ; elle a été très sanglante et disputée. Le roi de Prusse, le duc de Brunswick et le maréchal de Mollendorf et plus de 60.000 hommes ont disputé la victoire à votre 3ème corps ; elle nous est restée, ainsi que presque toute l’artillerie ennemie : le nombre des prisonniers n’est pas très considérable, le peu de cavalerie que j’avais, qui a fort bien servi du reste, n’ayant pas été suffisant pour pouvoir profiter des succès de l’infanterie. Le grand-duc de Berg avait retiré la veille la division des dragons Sahuc.

Votre Majesté a perdu beaucoup de braves, parmi lesquels je citerai le général Debilly, les colonels Verges, Higonnet, Viala, Nicolas et plusieurs autres blessés. Plusieurs régiments ont perdu la plupart de leurs officiers. Le nombre des blessés est très considérable.

Le duc de Brunswick a été grièvement blessé à la tête ; on regarde sa blessure comme mortelle.

Des généraux prussiens ont été blessés. Parmi ces derniers, on compte le prince Auguste, oncle du Roi.

Les deux frères du Roi se trouvaient à cette bataille ; les gardes à cheval et à pied ont beaucoup de morts et de blessés. Les cartouches manquent. Les corps étant très affaiblis, j’ai pris position vers les sept heures du soir. Cette nuit, on remplacera les cartouches, on mettra les armes en état, et demain nous serons prêts à exécuter les ordres de Votre Majesté.

Je dois citer avec le plus grand éloge la conduite des généraux Friant, Gudin et Morand. Le général Daultanne s’est fait distinguer de toute l’armée. Ces jours-ci, j’aurai l’honneur d’adresser à Votre Majesté les détails nécessaires pour lui faire connaître la brillante conduite de tous ses officiers et soldats.

L’ennemi paraît s’être retiré du côté de Weimar.